Aux alentours de 12h30, deux individus armés de fusils automatiques font irruption sur le parking du musée du Bardo et ouvrent le feu sur les bus touristiques qui y stationnaient. Tirant en rafales, ils abattent plusieurs personnes qui se trouvaient à proximité des véhicules visés. Les assaillants pénètrent ensuite à l’intérieur du bâtiment et prennent pour cible les nombreux visiteurs qui s’y trouvaient, en majorité des touristes étrangers. Le bilan s’alourdit à mesure que les deux assaillants progressent dans le musée. Vers 15h15, les forces spéciales tunisiennes donnent l’assaut et parviennent à abattre les deux terroristes avant que ces derniers n’aient pu faire usage des ceintures explosives qu’ils portaient.
Les victimes
Le bilan est de 24 morts, incluant les deux terroristes, et 47 blessés.
Parmi les victimes ayant trouvé la mort lors de cet attentat, on dénombre 21 touristes étrangers et un agent de sécurité tunisien. Les touristes étaient de nationalité très diverses : Japonais, Espagnols, Colombiens, Australiens, Polonais, Italien, Belges.
Quatre ressortissants français qui effectuaient une croisière en mer Méditerranée ont été tués :
– Jean-Claude TISSIER. Conseiller municipal d’Aussillon entre 2008 et 2014, il décède à l’hôpital, à Tunis, à l’âge de 72 ans.
– Nadine FLAMENT. Elle était la compagne de Jean-Claude TISSIER.
– Christophe TINOIS. Il décède au musée du Bardo lors de l’attaque, à 59 ans.
– Huguette DUPEU. Grièvement blessée lors de la fusillade, elle décède à l’hôpital de Tunis quelques jours après l’attentat. Elle avait 75 ans.
Plusieurs Français ont en outre été blessés par balles.
Cette attaque est le premier attentat d’envergure prenant pour cible des civils en Tunisie depuis la chute de l’ancien président Zine el-Abidine Ben Ali en 2011. Depuis l’avènement du « Printemps arabe », plusieurs attentats se sont produits.
Revendication par Daech
Dès le 19 mars, Daech revendique, via les réseaux sociaux, l’attentat perpétré contre le musée du Bardo à Tunis et diffuse des images des deux assaillants dont l’identité avait été établie, la veille, par les services de renseignements tunisiens. Le premier serait Yassine Abidi, originaire d’Ibn Khaldoun, quartier populaire de Tunis. Le second serait Hatem Khachnaoui, originaire de la ville de Kasserine, proche de la frontière libyenne. Les deux auteurs de l’attentat sont donc de nationalité tunisienne comme l’indiquait leur alias de combattant, à savoir Abou Zakaria al-Tounous et Abou Anas al-Tounous. Selon les autorités tunisiennes, ils auraient quitté la Tunisie clandestinement en décembre 2014 vers la Libye afin de s’y entraîner.
Au cours des dernières années, la présence des mouvements djihadistes s’est intensifiée sur le territoire tunisien. Les réseaux terroristes ont pu compter sur l’extrême porosité des frontières avec la Libye pour s’étendre et, finalement, s’implanter dans l’ouest tunisien, en particulier dans la région du mont Chaambi. Située autour de la ville de Kasserine, cette zone constitue aujourd’hui un foyer capable d’accueillir les djihadistes tunisiens revenant des camps d’entraînement supervisés par Daech en Libye. Depuis l’éviction de Zine el-Abidine Ben Ali, une soixantaine de policiers et militaires tunisiens ont été abattus lors d’attaques menées par des djihadistes. La majorité d’entre elles était précisément déclenchées à partir de cette région.
La Tunisie est particulièrement sensible aux menaces djihadistes. En effet, malgré une relative imprécision des chiffres, les autorités reconnaissent qu’entre 2000 et 3000 citoyens tunisiens ont quitté leur pays pour se rendre sur les différents fronts du djihad international et intégrer les rangs d’Al-Qaida ou de Daech. La menace est amplifiée par le fait que 500 autres seraient déjà revenus sur le territoire national après avoir été dûment formés dans les camps d’entraînement aux alentours de Sabratha, Bengazi ou Derna.
Les suites judiciaires
Le procès du Bardo, ouvert une première fois en mai 2017, est dominé par une grande confusion. Des parties civiles sont absentes – de même que leurs avocats français – après avoir appris qu’elles devraient assumer les frais de leur séjour, et que l’État tunisien leur accorderait des avocats commis d’office.
Les prévenus, tous de nationalité tunisienne, sont suspectés d’avoir fourni une aide matérielle ou logistique aux trois auteurs des attaques. Ils sont poursuivis pour « complot contre la sûreté de l’État » et « crimes terroristes », actes passibles de la peine capitale.
Après avoir été fixé une première fois au 5 juin 2018, pour une seconde au 6 novembre, le procès de l’attentat du musée du Bardo a eu lieu les 25 janvier, 1er et 8 février 2019 à Tunis.
Le Samedi 9 février 2019, la justice tunisienne a condamné 3 prévenus à la prison à perpétuité, prononcé 12 condamnations à de la prison ferme allant de 6 mois à 16 ans et acquitté 10 individus.
Il ne s’agit pas de décisions définitives puisque le procureur a d’ores et déjà indiqué qu’il relevait appel de ces décisions.