Attentat contre un avion humanitaire de Médecins Sans Frontières
Avant d’exposer les informations relatives à cet attentat survenu au Soudan, quelques repères chronologiques et contextuels sont nécessaires :
1973 : le régime du général NEYMERI instaure un parti unique.
1983 : le général NEYMERI divise le sud du Soudan en trois régions et proclame la loi islamique.
1985 : des insurrections dans le pays renversent le régime.
30 juin 1989 : un coup d’état propulse le général Omar Hassan EL-BÉCHIR à la tête du pays. Il est proche d’Hassan AL-TOURABI, membre des Frères Musulmans. Le Soudan se trouve alors divisé entre la population du Nord, fortement islamisée et agricole, et la population du Sud, peu christianisée et portée sur l’élevage.
Octobre 1989 : des combats éclatent dans le sud du Soudan.
L’attentat
Jean-Paul BESCOND, médecin en mission auprès de Médecins Sans Frontières, arrive au sud du Soudan à Aweil, localité où la population venait se réfugier pour fuir les combats.
Le 21 décembre 1989, Jean-Paul BESCOND doit se rendre à Khartoum à bord d’un avion affrété par MSF afin de rencontrer les responsables d’une mission à laquelle il devait participer en Éthiopie. Les autorisations de vol sont obtenues sans problème auprès des autorités.
A 9h05, après son décollage, l’avion est touché par un missile au-dessus de la ville. Déséquilibré, il s’écrase et explose au sol à 800 mètres de la piste de décollage.
L’avion a été abattu par un missile sol-air. Or, l’appareil était clairement identifié comme un avion de MSF. Ne pouvant pas être confondu avec un avion militaire, l’objectif de l’attentat était d’atteindre une cible humanitaire.
Le gouvernement soudanais n’a pas ouvert d’enquête approfondie (le seul rapport disponible est basé sur des témoignages) et a accusé le SPLA (Armée Populaire de Libération du Soudan) qui a démenti toute implication avant de mettre en cause les autorités.
Le SPLA est une faction armée qui lutte depuis 1983 pour l’établissement d’un Soudan « uni, laïc et démocratique », en opposition à un régime soudanais qui cherche à islamiser le pays.
Procédure devant la Cour pénale internationale (CPI)
12 juillet 2008 : le procureur de la CPI accuse de génocide le président soudanais Omar EL-BÉCHIR. Le procureur demande aux juges de la CPI la délivrance d’un mandat d’arrêt international à son encontre. Cette requête est rejetée par Khartoum qui ne reconnaît pas la compétence de la Cour.
4 mars 2009 : la CPI lance un mandat d’arrêt contre le président soudanais Omar EL-BÉCHIR, accusé de crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Darfour. En réaction, le gouvernement soudanais expulse les ONG de la région.
30 mars 2009 : lors du 21ème sommet de la Ligue arabe, les chefs d’État arabes et l’Union africaine rejettent le mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) contre le président soudanais Omar EL-BÉCHIR. Ce dernier est pourtant le premier chef d’État en exercice recherché par la CPI.
Procédure devant les juridictions françaises
7 avril 2009 : la mère, le frère, les trois sœurs et la fille de Jean-Paul BESCOND déposent une plainte auprès du Juge d’instruction de la section Terrorisme et atteintes à la sûreté de l’État auprès du Tribunal de Grande Instance de Paris.
Le frère de la victime, Joël BESCOND, est en relation avec l’Association française des Victimes du Terrorisme (AfVT.org) pour le suivi de son action judiciaire.