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Grâce à la collaboration entre l’AfVT et l’association les Libres Filmeurs, vous pouvez voir les échanges dans une vidéo qui porte un titre de fable, Le couteau et le brin d’herbe – Voir la vidéo
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En cette année scolaire inédite, qui a vu tous les établissement fermer leurs portes le 16 mars, nous avons tout juste eu le temps d’organiser un échange exceptionnel entre une classe de 3ème et une classe de Terminale L de la Cité Scolaire Claude Bernard de Paris et les deux cinéastes belges deux fois lauréats de la Palme d’Or à Cannes, Jean-Pierre et Luc Dardenne, autour de leur dernier film Le Jeune Ahmed.
La rencontre a eu lieu le 03 mars dernier dans la salle des mariages de la mairie du 16ème arrondissement de Paris.
Parler frontalement de « radicalisation » avec des élèves se révèle improductif. Souvent le terme même de « radicalisation » n’appartient pas à leur vocabulaire, alors qu’ils peuvent parfois la rencontrer dans leur quotidien. C’est par le cinéma que nous avons pu aborder cette question.
Le jeune Ahmed est un film qui donne à voir la radicalisation d’un jeune garçon de 13 ans., et en tant qu’enseignantes, nous avons été sensibles à l’adjectif « jeune » dans le titre du film. Le personnage principal a environ l’âge des élèves que nous rencontrons en collège, il conteste les figures d’enseignants ou d’autorité que sont d’autres personnages du film et ne fait confiance qu’à son imam, en l’occurrence radical.
Ce que nous ne pouvons pas aborder directement en classe, nous avons pu en parler grâce à la fiction que propose le film des frères Dardenne : tandis que les cinéastes sont partis de la réalité pour arriver à la fiction, nous avons pris le chemin inverse, nous avons projeté le film, travaillé sur les images, les plans, les séquences, et facilité la réflexion sur la radicalisation et ses conséquences.
Parce qu’il n’était pas question de recevoir les frères Dardenne dans une « foire aux questions », en amont, nous avons questionné la spontanéité de nos élèves, notamment parce que les personnages d’Ahmed et de Louise sont proches d’eux en âge.
Les élèves, les uns de collège, qui ont environ 14 ans, , les autres de lycée, qui ont environ 17 ans et passent leur bac cette année, ont travaillé ensemble.
De leurs commentaires sur le film, nous avons constitué quatre groupes et dégagé quatre axes de réflexion :
- Le regard : celui d’Ahmed, des cinéastes et du spectateur
- Ahmed et les autres – la question de l’altérité pour un jeune radicalisé
- La pureté et les deux passages à l’acte d’Ahmed : la tentative de meurtre et le baiser
- Les interprétations de la fin du film
Comment rendre compte du regard d’Ahmed sur le monde, qui se ferme aux autres ? Pourquoi choisir de filmer la radicalisation d’un jeune garçon pas encore sorti de l’enfance ? Ahmed peut-il redevenir le simple enfant qu’il était avant ? Comment poser la question de la responsabilité ? C’est par de brèves mises en scène dans lesquelles ils ont représenté les personnages et les cinéastes que les élèves ont adressé leurs questionnements aux frères Dardenne. Ils ont ainsi obtenu d’extraordinaires réponses.
Vous pouvez lire la totalité des échanges dans notre série de trois articles intitulée Le Jeune Ahmed et nos élèves :
- le projet pédagogique et la définition de l’art par les frères Dardenne
- Le rapport à l’autre et le regard au cinéma
- La pureté selon Ahmed et les interprétations de la fin du film
Voir la vidéo – Le couteau et le brin d’herbe