Croquis AFP – Benoit PEYRUCQ
Chaque semaine, l’Association française des Victimes du Terrorisme (AfVT) donne la parole aux parties civiles, victimes et professionnels qui participent au procès de l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice.
Je m’appelle Christine, j’habite Nice, j’étais sur la promenade le soir du 14 Juillet 2016 avec mon compagnon Didier qui venait voir son premier feu d’artifice à Nice.
Mon père, Jean-Pierre, fait partie des 86 anges.
Comment vous sentez vous après cette semaine d’audience ?
Cette cinquième semaine du procès a été marquée par des récits de partie civile.
L’évènement le plus marquant pour moi de cette semaine fut le témoignage de Christophe LYON qui a perdu 6 membres de sa famille. Il est la seule personne survivante du groupe.
Il a dressé, avec délicatesse un court portrait des 6 personnes disparues. Il a su exprimer les faits, ses sentiments avec beaucoup d’humilité, de sobriété et dénué de haine. Une colère transparaît lorsqu’il évoque le comportement de certaines personnes ce soir-là et la récupération de l’évènement par les politiques.
Procès de l’attentat de Nice : le récit déchirant de Christophe Lyon (francetvinfo.fr)
Il a prononcé cette phrase qui m’a marquée : «j’allais de corps en corps, je n’arrêtais pas de dire que je les aimais».
Cette phrase fait écho à la situation que j’ai vécu dans un certain sens. J’allais entre 2 hôpitaux ; à Pasteur où mon père étais en réanimation dans un état critique et dans un autre où ma mère était hospitalisée.
Cette phrase démontre notre état d’impuissance dans ce moment-là. Nous pouvons juste essayer de donner de notre présence. C’est la seule chose qui nous reste.
Cela nous donne le sentiment de pouvoir faire encore quelque chose pour nos proches, leur dire qu’on est là avec eux et que nous les aimons.
Toute cette semaine de témoignages m’a permis d’entendre les différents vécus de cette tragique soirée et les conséquences sur les vies des familles.
Ceci m’a permis de constater que nous ne sommes pas seuls à vivre ça. Nous rencontrons tous des difficultés, et que toutes les victimes essayent de se reconstruire tant bien que mal et d’avancer à chacun son rythme.
Qu’attendez-vous des prochaines semaines ?
Pour la suite, j’attends d’écouter, ce lundi, les auditions de monsieur MOLINS, de monsieur HOLLANDE et de monsieur CAZENEUVE.
Puis à la semaine 8, après les dépositions des parties civiles, je serais là aussi pour écouter le rôle, le parcours, l’environnement des différents accusés et de Mohamed LAHOUAIEJ-BOUHLEL, pour essayer de comprendre, trouver des réponses.
Un dernier mot ?
Cette tragédie fait ressortir le coté obscure de l’être humain, qui est capable du pire, de faire souffrir ces semblables, d’avoir un comportement indigne, de penser qu’à sa petite personne et de profiter de la situation.
Heureusement il est aussi capable du meilleur, dans ces moments-là. Certaines personnes vont tout faire pour les autres, essayer de les soulager, de les protéger.
Personne ne peut dire comment il réagira, tant qu’il n’a pas vécu ce genre d’évènement tragique.