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Contexte

Le 3 février 2017, la France est en état d’urgence depuis les attentats du 13 novembre 2015 et l’armée française est déployée sur le territoire national dans le cadre de l’opération Sentinelle, lorsqu’à 9h 50, dans la galerie du Louvre, Abdallah El-Hamahmy se précipite, armé de deux machettes en criant « Allah Akbar » vers quatre militaires du dispositif sentinelle.

L’attaque intervient, deux ans exactement après l’attaque du 3 février 2015 à Nice où déjà un terroriste solitaire, Moussa Coulibaly, avait attaqué au couteau trois soldats en charge de la protection d’un centre communautaire juif.

Déroulé des faits

Le vendredi 3 février 2017, à 9h50 Abdallah El-Hamahmy, pénètre dans la galerie marchande du Carrousel du Louvre.

Alors que les militaires présents au poste de sécurité procèdent à un contrôle de l’individu et lui demandent d’ouvrir le sac en sa possession, l’individu profère subitement des menaces verbales à l’encontre des quatre militaires avant d’agresser l’un d’eux à l’aide de deux armes blanches (type machette) au cri de « Allahou Akbar ».

Les militaires répliquent en tirant sur lui à quatre reprises. L’individu est rapidement neutralisé et placé en garde à vue.

Aucun civil n’a été physiquement touché cependant, un militaire composant la patrouille a été légèrement blessé au cuir chevelu.

L’enquête

Après son interpellation il est découvert dans son sac des bombes de peintures. Dans l’après-midi du 3 février 2017, une perquisition dans le 8ème arrondissement de Paris est menée.

La perquisition révèlera notamment les factures des machettes achetées en liquide dans une armurerie de Bastille deux jours après son arrivée sur le sol français.

L’analyse des images de vidéosurveillance mettront en lumière que l’assaillant était déjà venu le matin du 29 janvier, soit cinq jours avant son attaque, au Carrousel puis dans le musée, où il avait suivi une visite guidée.

L’étude de son profil twitter par les enquêteurs, dévoilera des tweets récents reprenant un extrait d’un discours d’Abou Mohammed al-Adnani, un ancien porte-parole de l’organisation Etat islamique tué en Syrie et qui appelait régulièrement à cibler des policiers ou des soldats lors des attaques.

Lors de ses interrogatoires, l’accusé, qui s’était présenté dans un premier temps comme un partisan de l’EI avant de revenir sur ses propos, a affirmé avoir agi seul, évoquant un « projet personnel » et assurant n’appartenir à aucune mouvance. Il a notamment expliqué avoir voulu initialement mener une action symbolique contre la France, en dégradant des œuvres du Musée du Louvre avec des bombes de peinture. L’objectif était, a-t-il précisé, d’alerter la France et « le monde occidental » sur la situation en Syrie, « où des enfants meurent quotidiennement »

L ’instruction n’ayant permis d’identifier aucun complice, Abdallah El-Hamahmy est donc jugé seul devant une cour d’assises spécialement composée pour « tentative d’assassinat sur personnes dépositaires de l’autorité publique en relation avec une entreprise terroriste » et « association de malfaiteurs terroriste criminelle »

Déroulé du procès

Le procès d’Abdallah El- Hammamy s’est tenu du 21 au 24 juin 2021 devant la Cour d’assises spécialement composée de Paris.

Lors des débats, l’accusé affirma avoir eu pour seul dessein de taguer et de lacérer des œuvres d’art afin de protester contre les guerres en Syrie et au Yémen, dont il tient l’Occident pour responsable.

Pour son avocat, Me François Gaey, l’intention de s’en prendre spécifiquement à des militaires n’est pas déductible du dossier, estimant que « l’information judiciaire n’a pas permis de faire toute la lumière sur ses intentions exactes ».

Or, l’accusation considère que, même si Abdallah El-Hammamy ne s’attendait sans doute pas à croiser des militaires, il avait initialement prévu d’attaquer des visiteurs du musée à la machette, ses bombes de peinture devant servir à revendiquer son acte.

Dans ses derniers mots à la cour, l’accusé a réitéré sa ligne de défense « je voulais entrer au Louvre et détruire des tableaux. Je savais que des militaires allaient ensuite me tuer. Mais je ne pensais pas tuer des gens sur ma route ».

Condamnation à 30 ans de réclusion criminelle

Le 24 juin 2021, après 7h de délibéré, la cour spécialement composée a condamné l’individu pour tentative de meurtre commise envers des personnes dépositaire de l’autorité publique en relation avec une entreprise terroriste et préméditation.

La cour a prononcé une peine de 30 ans de réclusion criminelle assortie d’une période de sureté des 2/3 et prononcé à titre complémentaire une interdiction du territoire français et une inscription du FIJAIT. (Fichier judiciaire des auteurs d’infractions terroristes)

Les cinq magistrats de la cour spéciale ont ainsi suivi les réquisitions du parquet national antiterroriste. En retenant la tentative de meurtre avec préméditation, la cour n’a donc pas donné crédit à la version exposée par la défense.

A l’annonce du verdict, traduit simultanément en arabe, Abdalla El Hamahmi, le visage couvert par le masque de protection anti-Covid, n’a manifesté aucune réaction

Sources

 

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