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Un procès historique. Un procès hors-norme. Un procès colossal.

542 tomes d’instruction, plus d’un million de pages. Dix mois d’audience.

Tant d’adjectifs hyperboliques, tant de chiffres pour qualifier le procès des attentats du 13 novembre 2015, qui est, il est vrai, le plus long de l’histoire judiciaire française. Beaucoup d’articles l’ont relaté, des chroniques l’ont suivi jour après jour, des threads minute par minute, beaucoup d’analyses semaine après semaine ont décrypté ses audiences, quelques livres sont parus.

De septembre à juin, au fil des saisons, des personnes qui ne se connaissaient pas ou peu, qui se retrouvent chaque jour dans l’unité de lieu de la salle d’audience, qui prennent place ensemble sur les bancs, ou face à face, apprennent à se connaître. En 10 mois apparaît la nécessité de trouver du soutien pour faire face au rationnel du judiciaire et à l’absurde des événements vécus que méthodiquement ce procès examine. On quitte la salle d’audience, on s’arrête sur les marches du Palais, on va au café.

Des relations y sont nées – entre parties civiles mais pas seulement. Le podcast 13 Novembre, trois voix pour un procès de France inter en est une des illustrations. Tout au long des 12 épisodes, on entend les échanges entre une victime survivante (Arthur Dénouveaux), une journaliste (Charlotte Piret) et l’avocat qui défend l’un des accusés (Xavier Nogueras).

Des élèves de Terminale du lycée Lucie Aubrac de Courbevoie ont voulu savoir ce qui se passe au-delà et autour du rituel de la salle d’audience.

C’est assez fou mais je crois qu’il y a ici tout ce qui faisait de nous une cible : l’ouverture à l’autre, la capacité d’aimer, de réfléchir, de partager et c’est incroyable de constater qu’au milieu de tout ce qui s’est cassé pour nous ce soir-là, ça – ce truc là – est resté intact je crois. Alors je continue à venir ici. Et chaque jour je remplis un peu d’avantage mes cuves d’humanité.

Aurélie Silvestre, lors de sa déposition au procès des attentats du 13 novembre, 21 octobre 2021

 

Contexte pédagogique

Les élèves que nous rencontrons en ce mardi d’avril savent tout cela. Ils ont écouté le podcast 13 Novembre, trois voix pour un procès de France Inter. Ils ont étudié ce que sont le Droit et la Justice, leurs fondements, leurs pratiques. Ils se sont questionnés, ont débattu, sur des problématiques juridiques classiques et contemporaines.

Ils ont choisi de suivre l’option Droit et Grands Enjeux du Monde Contemporain (DGEMC). Ils ont expliqué à l’AfVT et aux témoins ce qu’ils ont étudié, ce qu’ils ont appris et fait en cours de DGEMC. Plutôt que de les paraphraser, nous vous proposons de les écouter :

 

Cliquer ici pour lire une retranscription de l’audio

 

La (les) rencontre(s)

Ce sont donc les rencontres, l’apprentissage par l’échange qui motivent cette classe : l’AfVT a soutenu immédiatement ce projet ; David et Aurélie qui se sont rencontrés à V13 et entretiennent aujourd’hui une solide amitié ne pouvaient qu’y adhérer.

David Fritz Goeppinger a été pris en otage au Bataclan le 13 novembre 2015. Aurélie Silvestre était chez elle puisqu’elle était enceinte de son deuxième enfant. Son compagnon Matthieu était au Bataclan. Il n’en est pas revenu.

Tous les deux ont participé à un autre podcast radiophonique : Un procès et après ?

« Cette année m’a bousculée, poussée dans mes retranchements, parfois galvanisée. J’ai eu l’impression de beaucoup avancer. Pendant six ans de faire avec ma peine puis de ranger les choses dans les bons tiroirs. Pour moi, la grande découverte du procès, c’est la fin de la solitude. Il n’y a pas d’âge pour se faire des amis d’enfance, rencontrer des copains de tranchées » disait Aurélie au micro de radio france au sujet de V13.

David a tenu pour France Info une chronique intitulée Procès du 13-Novembre : le journal de bord d’un ex-otage du Bataclan. Voici le dernier paragraphe de la chronique du 21 juin 2021 intitulée « L’amitié à V13 » : « Voyant l’horloge de l’audience avancer, j’essaye de ne pas dresser trop vite, trop tôt, de bilans. J’aimerais pouvoir avoir le temps, pouvoir avoir l’occasion de continuer à réfléchir sur tout ça. Comme si les dix mois n’avaient pas suffi, mais c’est une illusion. C’est souvent arrivé à la fin d’un voyage qu’on se rend compte qu’il est déjà trop tard pour profiter. »

Lycéens comme témoins s’accordent pour qualifier leur rencontre d’enrichissante, du point de vue de la réflexion et d’un point de vue humain. Pour entrevoir ce moment, nous vous invitons à lire quelques questions des élèves et les réponses des témoins.

 

Le doute de Sabrina : le procès, c’était génial ?

Sabrina : J’ai une question. Quand David, tu as dit « en fait le procès, c’était génial », Aurélie tu as eu une expression dubitative : est-ce que tu as plus retenu le mal que le bien, ou est-ce que c’était moins clair que David ?

Aurélie : Quand je me replonge maintenant dans ce qu’on a vécu, je constate qu’en fait on a une capacité d’humain à la résilience – je déteste ce mot… Mais effectivement c’était génial, à la fin on se dit ça. On a passé 10 mois et en fait, ça a été quand même un chemin de croix. Je vais faire en sorte de ne pas oublier que ce procès a aussi été une épreuve invraisemblable. Moi je m’étais auparavant isolée pendant des mois, je n’étais plus capable de parler à quelqu’un d’autre que quelqu’un qui avait vécu quelque chose comme moi. J’ai eu quand même une histoire d’amour, ça s’est terminée… je n’ai pas trop été là pendant 10 mois.

Question : Moi je me demandais justement comment est-ce que vos enfants avaient compris ce qui était arrivé à leur père.

Aurélie : C’est compliqué, disons que c’est à géométrie variable. Ils ont deux histoires différentes. Pour l’un, son père n’est pas rentré, et l’autre ne le rencontrera jamais ; en fait, l’un vit le manque, l’autre vit le vide. Ça n’a rien à voir, ce sont deux expériences très différentes, et puis par ailleurs ils sont tous les deux différents. A mon fils j’ai dit tout de suite que son père avait été tué par des méchants, qu’il ne reviendrait pas, que c’était quand même incroyable que cela nous arrivait à nous. C’était impossible pour moi de dire autre chose, je voulais vraiment être claire.

L’histoire s’étoffe à mesure qu’ils grandissent. Par exemple dimanche dernier à table, ils m’ont demandé comment Matthieu était mort. En fait c’est très déroutant de parler de cette histoire à mes enfants, parce qu’ils pourraient penser que cela arrive souvent. C’est leur histoire mais c’est quand même compliqué.

J’ai emmené mon fils au procès quand même, je voulais qu’il comprenne que, comme moi, on n’était pas les seuls à avoir vécu ça, que la France s’est donné les moyens pour juger les gens qu’ils avaient retrouvés et je voulais qu’il voie comment la Justice fonctionne. Lui, je l’ai emmené avant que l’audience commence. Il est rentré, il s’est arrêté net au milieu de la salle, il a regardé les accusés, pendant 35 secondes, et en fait il m’a dit « ok c’est bon, on s’en va ». Donc on est reparti, je lui ai dit « restons juste 5 minutes pour que ça sonne, que tu vois les gens se lever, que tu comprennes ». Non, c’est terminé, voilà, lui il a vu les méchants.  C’était très troublant, et après ça a été un peu compliqué.

Le temps d’Irène

Irène : Tout ce que vous racontez, ça me bouleverse vraiment. Et en fait je commence à comprendre un peu pourquoi ça me bouleverse. C’est parce que, en vrai, dans le monde (…), il y a deux trucs que je n’aime pas : c’est le manque de temps et le manque d’imagination. Et je crois que, en fait dans le procès, dans tout votre travail, c’est ce qu’on trouve. Le procès… enfin hier on est allé à des procès. Vous l’avez dit même, il y a le temps, on écoute, on est là, on est dans un procès, et tant que ce ne sera pas réglé, ça ne sortira pas. Et donc ça déjà c’est dingue. Et après, l’imagination… ‘Fin tout cette émulation que vous avez réussi à construire, c’est fou. Mais du coup, maintenant que le procès est terminé, comment vous pouvez trouver le temps, comment vous pouvez utiliser votre temps, je ne sais pas comment expliquer… mais c’est quoi votre rapport au temps ?

David : C’est une vraie question pour nous deux, c’est vraiment une question qu’on se pose souvent avec Aurélie.

Aurélie : Moi je ne suis pas sortie en fait du procès, je me suis mise à écrire, je suis en train d’écrire sur le… donc je n’ai pas fini, j’y suis encore dans le temps, je gratte. Elle rit.

David : Pour moi c’est différent car j’avais donné une mission au Journal de bord : le publier. Mais aucune maison d’édition ne m’a suivi. Ça a été très dur pour moi d’accepter. J’avais envie que les gens emportent mon Journal chez eux. Et en fait j’ai dû faire une forme de deuil de cette publication-là. On ne m’a pas donné la chance de le faire. Mais cette question du sens, du temps, c’est un truc qui est chez moi très prégnant, parce que le 13 novembre j’ai perdu le sens. J’étais barman à ce moment, j’étais très heureux dans mon métier de barman, c’était mon rêve de bosser dans un grand hôtel. Les semaines qui ont suivi les attentats, j’étais incapable de travailler dans le bar où je bossais parce qu’on passait du rock, parce que c’était un pub, qu’il y avait de la bière. Les gens disent « t’as le temps, tranquille, attends mais t’as vu ce qu’il t’est arrivé, t’as le temps ! ». Et les gens disent ça 1 an, 2 ans, 3 ans, 4 ans, 5 ans après. Six ans après, les gens ils en ont juste marre (…) que ce soient tes proches, tes potes, tout le monde. Avec mon meilleur pote, je ne parle plus du tout du 13 novembre. Et je pense qu’il ne veut plus jamais en entendre parler en vrai. Pour autant, ça me suit encore. Même si j’ai dit l’an dernier « je ne suis plus victime ». Même si je dis à mes proches « non, mais ça va ». Ce truc du sens… il est plus là en fait. Donc on essaie d’en donner, on va tisser des trucs, tu vois, on tisse des trucs qui ont du sens, on essaie de trouver un but, voilà, on cherche à se donner des missions. Mais pour moi personnellement c’est extrêmement dur d’en trouver.

Aurélie : On a ce truc de ne pas savoir la vie qu’on aurait eue si ça n’avait pas eu lieu en fait.

David : Et Arthur Dénouveaux le dit bien. Personne ne nous envie. On nous admire quelquefois, on ne nous envie jamais.

Aurélie : Ta question, elle est super, parce qu’en fait, à la fois, moi je serai toujours au lendemain, je serai toujours au 14 novembre, c’est pour ça que mon livre s’appelle Nos 14 novembre. Je ne serai jamais qu’au lendemain du jour où j’apprends que Matthieu est mort. Et en même temps ça fait 7 ans, 8 ans bientôt, et j’ai quand même des gens qui me disent « oh mais passe à autre chose », ton chagrin est périmé – mais ton chagrin est périmé, j’allais faire un geste (rires). Et pareil, le procès, 10 mois : ma famille me dit : « c’est bientôt fini là quand même, parce bon », « oh là là, vite que tu sortes de ça, parce que tout cet argent, tout ce temps ». En fait, ouais, c’est compliqué le temps.

 

Solidarité ou solitude ?

Question : (…) Les gens ils pensent que… étant donné que les jours passent, et peu importe ce qu’il se passe, la vie va continuer. Malgré le 13 novembre, la vie a continué, et regardez aujourd’hui, on est 8 ans après. Donc c’est pour ça que les gens qui sont à l’extérieur de vous, parce que, même s’ils sont vos proches, et qu’ils font partis de votre bulle, vous avez quand même votre bulle à vous, et ils ne pourront jamais rentrer dans cette bulle-là. Et je pense que c’est quand même extrêmement frustrant, surtout quand ce sont les gens qu’on aime le plus au monde, qui n’arrivent pas à saisir la portée, puisqu’on aura beau leur dire, on aura beau leur raconter avec tous les mots du monde ce qu’il s’est passé, tant qu’ils n’ont pas vécu ce qu’on a vécu, ils ne pourront jamais comprendre. Comment vous l’avez vécu ça, cette idée de la personne qui ne peut jamais comprendre ?

David : Au fond, c’est bête, mais au fond on est seul. Et tu le dis bien : personne ne comprend. Du côté d’Aurélie ou de mon côté, mon épouse, qui, je vous l’ai dit, est partie civile, est victime, même elle, en vrai, même elle, des fois elle ne peut comprendre. Personne. Personne n’était avec nous.

 

Victime or not victime ?

Sacha : Après tout ce travail, que ce soit juridique, personnel, on utilise le terme de « victime ». Comment est-ce qu’aujourd’hui vous pourriez apportez une définition à ce terme, personnellement, et comment est-ce que vous le vivez aujourd’hui ?

Aurélie : Moi j’entretiens un rapport très douloureux avec le mot « victime », parce que je l’ai vraiment repoussé d’abord, je ne voulais pas… Pour moi c’était tomber (…) ; « niquez-vous je vais faire mon chemin ». Et c’était abdiquer en fait de dire « moi je suis une victime ». Non, en fait, les gars ça va. Il y en a eu un, la victime c’est Matthieu, ce n’est pas moi. Moi je continue, je suis encore là et je vais vivre et je vais être heureuse et je vais élever des enfants libres et heureux. Et le truc m’est un peu revenu en boomerang au moment du début du procès, où on nous donne un badge et je suis obligée de le mettre parce que j’ai des gendarmes qui me disent « vous n’avez pas votre badge ». Moi je n’arrivais pas à le mettre ! (…) Mais j’étais obligée quand même de voir que c’était écrit [partie civile, ndlr]. Et surtout c’est vous qui m’avez fait sortir du bois avec votre tribune, en disant on va faire une tribune « on est plus victimes ». Ouais super, on va faire une tribune où on n’est plus victime… En fait, c’était un échange qu’on a eu et qui était vachement important pour moi, c’est-à-dire, bah merde, en fait, si, en fait, moi aussi je suis une victime, je vivrais à jamais sans Matthieu avec moi et mes enfants vivront à jamais sans père. Donc, ma foi, que je le veuille ou non, je suis victime, je suis quelqu’un à qui on a enlevé une possibilité, un million de possibilité. Et ça, … c’est terminé, il n’y a jamais rien qui pourra venir remplacer, rien, jamais. J’ai à jamais un trou béant à cet endroit-là. J’ai appris à le contourner, je le mets derrière moi, etc. Mais pour moi c’est ça être victime, c’est ce trou.

David : Je pense que je partage un peu ce truc-là, tu perds quelque chose en fait. Moi, j’ai une partie du David de 23 ans qui est resté au Bataclan… C’est comme ça, et après tu… il faut bien – il faut avancer. C’est ce que je te disais, t’es obligé de bosser, t’es obligé… T’es obligé en fait. La vie fait que, de toute façon, t’es dans un rythme, et si t’adoptes pas ce rythme, en fait, c’est l’enfer (…) T’as perdu un truc en fait, t’as perdu un truc, ou plusieurs.

 

Le garçon de 23 ans

Hajar : En fait, j’ai une question par rapport à tout ce que vous avez dit, est-ce que parfois vous avez besoin d’entretenir une relation avec votre vous d’avant, que ce soit personnellement, en étant seul, juste revenir à ce moment-là, d’avant ?

David : Ça m’émeut. Un silence. En fait, le dernier billet du Journal de bord s’appelle, je crois que j’ai appelé ça « L’espace d’un instant, j’aurai de nouveau 23 ans » … Et… Et, pourquoi… Ça n’arrive jamais, je vous le dis (qu’il soit ému à ce point pendant une rencontre). Et ça n’arrivera pas. Rires. Et pourquoi j’ai appelé ça comme ça, parce qu’Arthur [Dénouveaux, ndlr], ce grand malin, il a demandé à la Cour d’assises de diffuser (il souffle) des audios, où on entend des tirs dans le Bataclan, etc. OOOHHH.  Et en fait on m’entend dans ces audios. Et je me suis entendu. Et… Plusieurs secondes de silence. Quelques rires. Non et en fait, j’avais 23 ans à ce moment-là, tu vois. Et je parlais à ce mec qui me braque, et il me dit « tu penses quoi de François Hollande ? ». Et moi jamais de ma vie, à ce moment-là, je me suis dit un jour il y aura une Cour d’assises, il y aura la Justice française… Silence. Qui va punir en fait. Et qui va dire à tous ces connards, vous voyez ce mec, qui dit je suis chilien, qui vient de nulle part, à cause de sa voix, vous allez tous morfler. C’est pour ça que j’appelle ça « j’aurais de nouveau 23 ans ». Donc si tu veux, ce truc que j’ai perdu c’est ça, c’est ce mec-là de 23 ans qui était un peu paumé. Et en effet, j’entretiens comme tu peux voir une relation un peu, difficile, avec ce jeune gars de 23 ans. Et quelque part, j’ai 31, et j’ai toujours 23 ans, et pour autant, j’ai plus 23 ans non plus.

Aurélie : Il faudrait que tu le prennes dans tes bras.

David : Oui c’est ça. C’est pour ça que ta question me touche autant. Tu vois, moi quand j’étais au Bataclan, une heure avant je buvais un verre. Et une heure après y a un mec qui vient « ouais François Hollande », moi je suis « alors mec j’ai 23 piges, je ne sais même pas ce que je vais faire demain ». C’est pour ça que ta question elle me cueille, parce que je, voilà, j’entretiens cette relation-là avec ce jeune gars qui est resté au Bataclan et qui tourne en rond, qui ne sait pas quoi faire de sa vie. Voilà.

Silence.

Chantal Anglade, professeure de l’AfVT : Celui qui meurt, c’est lui, ce n’est pas toi.

Silence.

 

Le partage : paroles et musique

Les témoins ont été impressionnés par l’éloquence et la pertinence des lycéens face à eux. Ces derniers ont été marqué par la sincérité, la justesse et la résonnance des mots de David et Aurélie. On a traversé des émotions en tout genre : chagrin, nostalgie et mélancolie mais aussi (et surtout) complicité, rires, et satisfaction d’avoir vécu ce moment ensemble. Dans un sens comme dans l’autre, on a vu du partage – du partage d’expériences, du partage d’émotions, mais aussi, de manière un peu plus inattendue dans une salle de classe, du partage de sons.

En effet, la classe tenait à « offrir un petit cadeau » aux invités, selon leurs mots. En effet, dans le podcast de France inter, Arthur Dénouveaux évoque une playlist qu’il a créé, notamment pour Charlotte et Xavier (les deux autres « protagonistes » du podcast), afin de garder l’espoir lors du procès. « Et donc on avait envie, chacun, de choisir une chanson pour vous, en rapport ou pas avec le procès mais une chanson qui nous touche et pour laquelle on ressent de l’émotion, » annonce Romane à Aurélie et David. « On avait envie de vous les partager dans un podcast qu’on a créé pour vous. »

Nous vous proposons d’écouter quelques podcasts, créés par les élèves, pour les témoins :

  • Hajar – « Sadness Is Rebellion » de Lebanon Hanover

 

  • Lola – « Boys don’t cry » de The Cure

 

  • Sacha – « Vicarious » de Tool et « Quand on n’a que l’amour » de Jacques Brel

 

  • Anaïs – « everything i wanted » de Billie Eilish

 

  • Emma – « Dancing With Your Ghost » de Sasha Alex Sloan

 

  • Irène – « Will Soon Be a Woman » d’Ibrahim Maalouf

 

 

David dédicaçant son livre Un jour dans notre vie (2020) pour l’offrir à la classe et au lycée

David a tenu à lui aussi offrir un petit cadeau aux lycéens de Terminale. En plus de son livre, il enregistrera ensuite un message audio pour eux dans lequel il se dit « vachement vachement vachement touché » et à son tour, il partagera des musiques et il expliquera son choix des trois morceaux, qui sont « November » de Max Richter, « Villains of Circumstance » de Queens of the Stone Age et « Moanin’ » d’Art Blakey & the Jazz Messengers.

 

Tweets

 

 

Merci

Aux témoins, David Fritz Goeppinger et Aurélie Silvestre

Aux élèves de Terminale DGEMC du lycée Lucie Aubrac (et notamment à Danièle, Irène, Messia, Romane, Sacha, qui nous ont fait l’honneur de présenter leur projet pendant la soirée de clôture des actions éducatives de l’année scolaire 2022-2023)

De gauche à droite : Sophie Davieau, Sacha, Danièle, Messia, Romane, Irène, Chantal Anglade, lors de la soirée de clôture des actions éducatives de l’année scolaire 2022-2023

 

À leur professeure Sophie Davieau

À Valérie Ficara, Proviseure

À nos partenaires, la Région Île-de-France et la Caf 92

 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retranscription de la présentation de la Terminale DGEMC par les élèves

Sabrina :

Nous vous connaissons mais vous ne connaissez rien de nous pour l’instant. Nous souhaitons d’abord nous présenter. En classe de Terminale, en début d’année nous avons choisi de suivre l’option DGEMC pour différentes raisons (augmenter la moyenne, devenir de grands avocats ou magistrats, ou par curiosité). Ce qui est sûr c’est qu’on s’est rencontrés en début d’année pour avoir un premier regard de ce qu’est le Droit, de ce qu’est la Justice et ses composants ; alors on a débuté par aborder la théorie de ce qu’est le Droit et comment il fonctionne puis on s’est intéressé à la Justice dans les domaines qui nous intéressaient et les questions auxquelles on ne pouvait pas répondre auparavant – à travers des exposés mais aussi des rencontres, notamment un ex condamné à mort venant d’Amérique qui nous a partagé son parcours, son courage mais aussi son espoir envers nous les jeunes et envers la démocratie en tant que telle.

Et puis on a voulu continuer dans cette lancée de rencontre, d’écouter de nouveaux témoignages, à travers le podcast Trois voix pour un procès, qui recense la discussion entre un avocat, une victime, un héros, un survivant, et une journaliste ; à travers ce podcast, nous avons eu plusieurs réactions. On a été émus, choqués, et surtout on s’est posé quelques questions.

Ajar :

Les questions qu’on s’est posées sont diverses :

  • qu’est-ce qui pousse les avocats à plaider pour ces personnes qu’on voit souvent comme des méchants ou des monstres ?
  • comment les victimes et survivants ont réussi à conserver une racine d’humanité envers ces personnes – [des victimes] qui sont parfois amputés de leur insouciance, ou même de leur famille et de leur paix intérieure ?
  • et surtout à propos des à-côtés du procès, comment des relations sont nées à travers le partage d’une cigarette, d’une bière, dans des cafés ou sur des marches ; une famille qui ne se refuse rien, qui n’exclut personne : avocats, accusés, témoins et journalistes ont été conviés justement dans ce lieu où vous vous êtes rencontrés.

Irène :

Après on a entrevu vos récits, vos histoires et je pense que ce qui nous a tous beaucoup touchés, c’est le choix de vos mots Aurélie, de votre angle de photo David. Ça nous a ému parce qu’il y avait une extrême sensibilité, et c’était toujours dans la finesse. Justement ce qu’on apprend en Droit et Grands Enjeux du Monde Contemporain, c’est la complexité, c’est aussi débattre sur ce qui ne fait pas consensus.

Hier, on est allé au tribunal de Nanterre, on a vu des procès. On a découvert tout le décorum judiciaire, pénal, très codé, rationnel. Du coup on peut se demander comment vous avez pu vivre cette rationalité face aux expériences extrêmes que vous avez vécues.

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