Le 9 novembre 2005, trois attentats-suicides sont perpétrés par un commando d’Al-Qaïda en Irak dans plusieurs hôtels de la capitale jordanienne. Les attaques causeront la mort de 59 personnes et feront 115 blessés. Il s’agit des attentats les plus meurtriers de l’histoire du royaume hachémite.
Des attaques contre les hôtels de la capitale jordanienne
Les attentats d’Amman sont l’une des premières manifestations du mode opératoire de la tuerie de masse, utilisée notamment lors des attentats de Mumbai (Inde) en novembre 2008 ou de Grand-Bassam (Côte d’Ivoire) en mars 2016 : des attaques perpétrées à l’arme automatique et/ou à l’explosif dans des lieux publics très fréquentés. Ce type d’opération vise à causer un maximum de victimes et à complexifier la réponse des forces de l’ordre en multipliant les sites attaqués.
Le 6 novembre 2005, trois jours avant les attentats, une équipe composée d’au moins quatre terroristes franchit la frontière jordanienne depuis l’Irak et se dirige vers Amman où ils ciblent plusieurs hôtels de luxe, prisés des diplomates et des hommes d’affaires étrangers.
Le soir du 9 novembre, peu avant 21h00, un premier terroriste actionne sa ceinture explosive dans le lobby de l’hôtel Grand Hyatt, tuant des employés et plusieurs clients, et causant d’importants dégâts matériels. Au même moment, une seconde explosion retentit dans une salle de conférence de l’hôtel Radisson SAS, dans l’est de la capitale jordanienne. Un terroriste vient de faire détoner sa ceinture explosive au milieu de la cérémonie de mariage d’Ashraf AL-KHALED, tuant 38 personnes. La femme du kamikaze qui vient de se faire exploser est également présente lors de la réception, munie d’une ceinture d’explosifs, mais celle-ci ne fonctionne pas. La femme prend la fuite en se fondant dans la foule mais finit par être interpellée.
Peu de temps après, à l’hôtel Days Inn, à proximité du Radisson SAS, un quatrième terroriste tente tout d’abord de pénétrer les lieux mais son comportement intrigue les personnels de sécurité, qui le refoulent. Le terroriste va alors actionner sa ceinture explosive devant le bâtiment, tuant des membres d’une délégation militaire chinoise.
Les victimes
Ces attaques ont tué 59 personnes et causé 115 blessés. 33 victimes fatales, soit plus de la moitié des personnes décédées, sont jordaniennes. D’autres nationalités sont concernées, dont trois Américains, deux Bahreïniens, trois Chinois, un Indonésien, trois Irakiens, deux Palestiniens, un Saoudien et plusieurs Sud-Coréens.
Des attaques revendiquées par Al-Qaïda en Irak
Les attentats d’Amman sont revendiqués par un communiqué de la branche irakienne d’Al-Qaïda, créée suite à l’intervention américaine en Irak de 2003. Cette branche est alors dirigée par Abou Moussab AL-ZARQAWI, un Jordanien originaire de Zarqa, au nord-est d’Amman. AL-ZARQAWI sera tué par une frappe aérienne américaine en juin 2006. Les transformations successives d’Al-Qaïda en Irak donneront naissance à l’organisation État Islamique en Irak, étendue à la Syrie à partir de 2013, et communément appelée Daech aujourd’hui.
Au début des années 2000, la Jordanie est une cible privilégiée de la nébuleuse terroriste. Un diplomate américain, Laurence FOLEY avait ainsi été abattu à Amman en 2002, et plusieurs projets d’attentats contre des hôtels de la capitale, similaires aux attaques du 9 novembre 2005, avaient été déjoués en 2000 et 2004. Enfin, cette même année, Abou Moussab AL-ZARQAWI était condamné à la peine de mort par un tribunal jordanien pour son implication dans l’assassinat de Laurence FOLEY.
Le communiqué de revendication des attentats d’Amman présente le soutien du royaume hachémite aux États-Unis et à Israël comme des éléments de justification. À ce titre, les trois hôtels visés étaient tous des branches de chaînes hôtelières américaines, prisées des expatriés occidentaux. En effet, le royaume hachémite dispose d’une position singulière au Moyen-Orient, offrant une base logistique pour les opérations américaines en Irak à partir de 2003, et demeurant un partenaire majeur des Occidentaux dans la lutte antiterroriste. Ce soutien se poursuit aujourd’hui par un engagement militaire de la Jordanie au sein de la coalition contre Daech en Syrie et en Irak. En outre, le pays est avec l’Égypte le seul État arabe à avoir signé un accord de paix avec Israël.
Exécution par la Jordanie de la seule survivante du commando terroriste
Les quatre membres du commando terroriste sont identifiés par les services jordaniens comme étant de nationalité irakienne. Le seul membre ayant survécu aux attentats a été rapidement arrêté par les autorités. Il s’agit de Sajida Moubarak Atrous AL-RISHAWI, une ressortissante irakienne condamnée par la justice jordanienne à la peine de mort pour sa participation aux attentats. La sentence n’est pas appliquée suite à l’introduction d’un moratoire sur la peine capitale par le roi Abdallah II.
Le 4 février 2015, Sajida AL-RISHAWI est néanmoins exécutée avec un autre prisonnier djihadiste par les autorités jordaniennes. Cette décision intervient en réaction à la mise à mort d’un pilote de chasse jordanien, capturé par Daech après le crash de son avion en Syrie en décembre 2014. Il apparaît en effet que Daech réclamait la libération de Sajida, devenue une icône dans la sphère djihadiste.