Gang de Roubaix : libération de Lionel Dumont, l’un des premiers jihadistes français

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L’information vient d’être révélée : cela fait deux mois que Lionel Dumont, aujourd’hui âgé de 51 ans, est sorti de prison. Il a été libéré discrètement le 17 novembre 2021 du centre pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe (Orne), où il purgeait une peine de 25 ans de réclusion criminelle. Il a été placé sous bracelet électronique, dans le cadre d’une détention à domicile sous surveillance électronique (DDSE) dans le Nord, sa région d’origine, où il est revenu s’installer.

Le contexte

Qui est Lionel Dumont ?

Lionel Dumont est considéré comme l’un des premiers jihadistes français. Cet ancien militaire catholique originaire de Roubaix, converti à l’islam à 20 ans, part en 1994 en Bosnie, alors en pleine guerre des Balkans, pour combattre les Serbes au côté des moudjahidines [un combattant pour la foi, qui s’engage dans le jihad]. Il revient en France à la fin des années 1995, sous le nom d’Abou Hamza.

Le « gang de Roubaix »

Lionel Dumont participe alors à la fondation du « gang de Roubaix », association de malfaiteurs composée de français convertis à l’islam. La raison d’être de la création de ce groupe était de réaliser des braquages dans la métropole lilloise, afin de financer la cause islamiste et le jihad. Entre janvier et mars 1996, plusieurs fusillades d’une extrême violence sont perpétrées par le groupe, jusqu’à la tentative d’attentat à la voiture piégée contre le commissariat de Lille, le 28 mars 1996. Cet attentat manqué (qui n’occasionne qu’une petite explosion et ne fait aucune victime) a marqué la dimension terroriste de l’action du gang de Roubaix.

Le rôle de Lionel Dumont

Lionel Dumont était l’un des chefs présumés du gang de Roubaix. Au lendemain de la tentative d’attentat échouée, il échappe à l’arrestation des membres du groupe et il gagne la Bosnie. Là-bas, il est condamné en 1997 à 20 ans de prison, mais il parvient à s’évader en 1999 de la prison de Sarajevo.

Le 18 octobre 2001, il est condamné à Douai par contumace [en son absence] à la réclusion criminelle à perpétuité pour sa participation à une série de braquages. En cavale dans différents pays d’Asie du Sud-Est et en Europe, il est arrêté en Allemagne en 2003, et extradé vers la France en 2004.

En 2005, la cour d’assises du Nord, à Douai, le reconnaît coupable de trois tentatives d’homicide volontaire contre des policiers, et le condamne à 30 ans de réclusion criminelle, assortie d’une période de sûreté de 20 ans, peine dont il fait appel. En 2007, il est condamné à 25 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises d’appel de Paris, assortie d’une période de sûreté incompressible des deux tiers de la peine, soit 16 ans et 18 mois.

Les suites

Supposé sortir de prison en juin 2022, il a bénéficié d’une sortie anticipée par décision du juge de l’application des peines, confirmée par la cour d’appel de Caen le 28 octobre 2021, contre l’avis du parquet qui avait interjeté appel. Il aura donc passé près de 20 ans derrière les barreaux.

Comme tous les détenus condamnés pour des faits de terrorisme, il est placé sous l’étroite surveillance des services de renseignement. En effet, la loi relative à la prévention d’actes de terrorisme et au renseignement du 30 juillet 2021 a renforcé les mesures individuelles de contrôle administratif et de surveillance (MICAS) et pérennisé les mesures de surveillance et de contrôle des détenus radicalisés ayant purgé leur peine et sortants de prison.

Ces mesures ne sont pas anecdotiques puisqu’elles concernent un certain nombre de détenus. En effet, selon un journaliste de Mediapart, plus de 240 détenus condamnés pour terrorisme sont sortis ces dernières années, et 50 devraient sortir en 2022, a indiqué le ministère de la Justice.

Sources :

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