Mardi 11 décembre 2018
Déroulé des faits
Vers 19h45, un homme de 29 ans pénètre dans le centre historique de Strasbourg par le Pont du Corbeau armé d’un couteau et d’une arme de poing. A hauteur du 10 rue des Orfèvres, il ouvre le feu sur des passants avant de se retrouver face à 4 militaires de la force sentinelle qui se trouvaient dans la Rue des Grandes Arcades.
Malgré des échanges de tirs et une blessure à la main, Chérif Chekatt, auteur présumé des attentats, parvient à prendre la fuite par la rue du Saumon. Il monte dans un taxi au niveau du Pont Saint-Martin et se fait déposer dans le quartier du Neudorf vers 20h. Repéré à deux reprises, il échangera des tirs avec les forces de l’ordre.
Après deux jours de cavale et plus de 700 membres des forces de l’ordre mobilisés, Cherif Chekatt est repéré par une brigade spécialisée de terrain composée de trois fonctionnaires de police à 21 heures le 13 janvier dans le quartier du Neudorf. Après avoir ouvert le feu sur les policiers, ceux-ci ripostent et le neutralisent.
Les victimes
L’attentat de Strasbourg aura causé la mort de 5 personnes.
- Barto Pedro Orent-Niedzielski, originaire de Katowice en Pologne et habitant Strasbourgeois depuis 20 ans, avait 36 ans et était responsable d’animations au sein d’un festival européen de bandes dessinées et couvrait également les sessions plénières du Parlement européen à Strasbourg.
- Antonio Megalizzi, journaliste italien de 28 ans, originaire de Trente dans le nord-est de l’Italie et membre du réseau de radios universitaires Europhonica, était en déplacement à Strasbourg afin de couvrir la session plénière du parlement européen.
- Pascal Verdenne, strasbourgeois de 61 ans et ancien employé du Crédit agricole, sortait du restaurant à l’intérieur duquel se trouvaient sa femme et son fils.
- Anupong Suebsamarn, thaïlandais de 45 ans, venait visiter la France en compagnie de son épouse, qui a également été blessée lors de l’attaque.
- Kamal Naghchband, après avoir fui la guerre en Afghanistan, ce père de 3 jeunes enfants était installé avec sa femme et ses enfants à Strasbourg en tant que garagiste et venait profiter du marché de Noël en famille.
Nous dénombrons également onze personnes blessées et de nombreuses personnes impactées psychologiquement.
L’auteur présumé des attentats
L’auteur présumé des attentats, Cherif Chekatt, était un homme de 29 ans, ficher S et condamné 27 fois pour des faits de vols et violences en France, Allemagne et en Suisse. Il devait être interpellé le matin même des attentats dans une affaire de tentative d’homicide et extorsion mais ne se trouvait pas à son domicile.
Sa radicalisation et son prosélytisme religieux seront signalés en 2015 à la DGSI lors de sa détention sans qu’aucune velléité de passage à l’acte ne soit détectée.
Peu après sa mort, l’Etat islamique, à travers son média de propagande Amaq, l’a désigné comme un « soldat » de l’EI et a revendiqué l’attentat.
Procédure judiciaire
La section anti-terroriste du parquet de Paris s’est saisie de l’affaire dès mardi soir et a ouvert une enquête pour « assassinats et tentatives d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste » et « association de malfaiteurs terroriste criminelle ».
Six personnes qui avaient été placées en garde à vue après l’attentat, parmi lesquelles les parents de l’assaillant et deux de ses frères, ont été libérées au cours du week-end « en l’absence d’éléments incriminants ».
Un complice présumé de Cherif Chekatt a été mis en examen pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle » et « acquisition, détention et cession d’armes de catégorie B par au moins deux personnes en relations avec une entreprise terroriste ».
La traque étant terminée, il s’agit maintenant pour les autorités de police de d’établir de potentielles complicités, une possible préméditation. Abattu tout prêt du dernier endroit où il avait été localisé, l’enquête devra également déterminer comment il a pu se cacher pendant deux jours dans le quartier où il a grandi.
Le 29 février 2024, le procès s’est ouvert devant la Cour d’assise spécialement composée de Paris à l’encontre de 4 accusés : Frédéric BODEIN, Stéphane BODEIN, Christian HOFFMANN et Audrey MONDJEHI-KPANHOUE. Si les 3 premiers n’étaient poursuivis que pour association de malfaiteur et comparaissaient libres, Audrey MONDJEHI était quant à lui dans le « box », accusé de complicité d’acte terroriste. Le verdict a été prononcé le jeudi 4 avril 2024 après 10h de délibérations. Les charges de complicité d’actes terroriste n’ont pas été retenue à l’égard d’Audrey MONDJEHI. Il a cependant été condamné à 30 ans de réclusion criminelle pour association de malfaiteur en relation avec une entreprise terroriste, en application de l’article 421-2-1 du code pénal. Une peine de sûreté des 2/3 de sa peine a été également été prononcé à son encontre, ce qui signifie qu’il ne pourra bénéficier d’aucun aménagement de peine avant 20 ans de détention. Christian HOFFMANN a été condamné à cinq ans de prison dont 6 mois avec sursis. En raison du temps déjà purgé en détention, il a été placé sous surveillance électronique. Frédéric BODEIN a pour sa part été condamné à 4 ans de prison donc un avec sursis. Ayant déjà passé 3 ans en détention provisoire, il n’a pas été réincarcéré. Enfin, Stéphane BODEIN a été acquitté.
Audrey MONDJEHI a interjeté appel de cette décision le vendredi 5 avril 2024. La date du procès en appel n’a pas encore été annoncée.
Source :
Attentat de Strasbourg : le principal accusé condamné à trente ans de réclusion (lemonde.fr)