FRANCE – Attaque d’une église à Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime)

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Mardi 26 juillet 2016

Attaque d’une église à Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime)

Il est 9h30 lorsque deux individus armés de pistolets et de ceintures explosives factices pénètrent à l’intérieur de l’église de Saint-Étienne-du-Rouvray, près de Rouen (Seine-Maritime). Un office est en train d’être mené par le prêtre Jacques HAMEL, en présence de plusieurs fidèles. Également porteurs de couteaux, les assaillants prennent à partie le petit groupe composé de trois religieux et de trois fidèles. Une religieuse parvient à prendre la fuite rapidement et à donner l’alerte. Les deux djihadistes contraignent Jacques HAMEL à s’agenouiller dans une mise en scène humiliante et l’égorgent au pied de l’autel.

Au préalable, les agresseurs avaient contraint Guy COPONET, âgé de 87 ans, de filmer avec une petite caméra ce qui allait se dérouler. Voici un extrait de son témoignage paru dans Famille Chrétienne et repris dans plusieurs médias :

« Ils m’ont mis une caméra dans les mains et m’ont dit : ‘Papy, tu filmes’. Ils venaient même vérifier la qualité des images et constater que je ne tremblais pas trop […] C’est du théâtre leur sale truc, de la mise en scène. Ils ont même pris le temps de se ceinturer de scotch pour faire croire qu’ils allaient se faire exploser, alors qu’il n’y avait que du scotch. Mais nous ne l’avons appris qu’ensuite… »

Guy COPONET assiste à l’assassinat du père HAMEL et tente de raisonner les terroristes avant d’être lui-même frappé de trois coups de couteau au bras, au dos et à la gorge.

Les deux djihadistes – l’un s’étant acharné sur le père HAMEL, le second sur Guy COPONET – infligent ensuite quelques dégâts au mobilier de l’église et tiennent des propos issus de la propagande djihadiste dont voici deux retranscriptions :

« La paix ? Quand vous serez à la télé, vous direz aux autorités : tant qu’il y aura des bombardements en Syrie, il y aura des attentats en France. Tous les jours. »

« La paix, c’est ça qu’on veut (…) Tant qu’il y aura des bombes sur la Syrie, nous continuerons les attentats. Et il y en aura tous les jours. Quand vous vous arrêterez, nous arrêterons, réagit l’un des assaillants. »

Moins de vingt minutes après avoir pénétré dans l’église, les deux djihadistes quittent les lieux et sont abattus à l’extérieur par les forces de police.

Cette attaque provoque une émotion planétaire, bien au-delà de la communauté catholique.

Il est utile de rappeler que les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) se déroulaient au même moment à Cracovie.

Les terroristes

Les deux auteurs de l’attaque se prénomment Adel Kermiche et Abdel Malik Petit-Jean. Tous deux âgés de 19 ans, ils tentent de rejoindre la Syrie. L’un est remis aux autorités françaises tandis que l’autre est laissé en liberté. Adel Kermiche est placé en détention provisoire et sort au bout de 18 mois, bénéficiant d’un placement chez ses parents sous bracelet électronique. Malgré ce dispositif, Kermiche décide de passer à l’acte.

L’enquête va rapidement révéler que les deux terroristes se sont connus sur l’application Telegram 4 jours avant l’attaque contre l’église de Saint-Étienne-du-Rouvray.

Quelques heures après les faits, l’organisation djihadiste Daech revendique l’attaque via son agence Amaq avant de diffuser, quelques jours plus tard, une vidéo des deux terroristes prêtant allégeance à l’organisation.

hamel_charly_triballeau_afp(c) Charly Triballeau/AFP

Les victimes

Décédé de ses blessures, Jacques HAMEL était âgé de 85 ans. Ordonné prêtre en 1958, il était membre de la paroisse de Saint-Étienne-du-Rouvray depuis l’année 2000.

Il était également membre d’un comité interconfessionnel mis en place suite aux attentats de janvier 2015. Proche de la communauté musulmane, il avait mis à disposition son église aux fidèles musulmans lorsqu’ils n’avaient pas d’endroit pour prier.

Il a été inhumé le 2 août 2016.

N’ayant pas d’organe vital touché, Guy COPONET a survécu à ses blessures. Il est considéré comme un miraculé après avoir fait le mort pendant 45 minutes sous les yeux de son épouse, également présente.

Les suites judiciaires

Un proche d’Abdel Malik Petitjean a été mis en examen mardi 31 juillet 2018. Le nom de ce nouveau mis en examen, Jean-Philippe Steven J. L., soupçonné d’« association de malfaiteurs terroriste criminelle », était apparu très tôt dans le dossier. Il s’était fait remarquer en juin 2016, quelques semaines avant l’attentat revendiqué par l’organisation Etat islamique, en se rendant en Turquie avec Abdel Malik Petitjean, avec vraisemblablement la volonté d’aller en Syrie. Ce dernier avait regagné la France ensuite par ses propres moyens, tandis que Jean-Philippe Steven J. L., aujourd’hui âgé de 22 ans, avait été arrêté par les autorités turques et expulsé vers la France, ce qui lui valait déjà d’être mis en examen dans cette procédure distincte.

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