En attendant Danièle Klein et Michel Catalano…

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En attendant Danièle Klein et Michel Catalano…

Lycée Claude Bernard de Paris

– Classe Médias –

(Mardis 13 et 20 mars)

Par Chantal Anglade et Najet Bensaid

 

 

 Cadre et contexte pédagogiques 

Une classe Médias vise à proposer une éducation aux médias. Les élèves y découvrent les différents médias, et les enseignants leur donnent des outils pour apprendre à les observer et les analyser ; ils doivent devenir progressivement des décodeurs mais aussi producteurs de médias (articles écrits, webradio, reportages vidéo, …). Une classe Médias est le lieu idéal pour recevoir, écouter des victimes du terrorisme, les interroger, dialoguer avec elles puisque les élèves s’intéressent à l’actualité et aux médias. Une telle rencontre devrait les conduire à réaliser leurs propres reportages.

La classe Médias du lycée Claude Bernard de Paris, avec leurs professeures d’Histoire, de Lettres et de Documentation, a donc depuis le début de l’année commencé cette lente découverte des médias.

Rencontre programmée 

Le mardi 03 avril, Danièle Klein et Michel Catalano viendront à la rencontre de cette classe composée d’élèves de Seconde.

Danièle Klein a perdu son frère dans l’attentat du DC10 du 19 septembre 1999, pour lequel on déplore 170 morts dont 54 Français. Elle est par ailleurs Présidente de l’Association Française des victimes du Terrorisme. Par ailleurs, elle déclare volontiers qu’elle pense important de « raconter notre histoire à des jeunes qui peuvent être un peu fascinés par ce qu’ils entendent sur internet ».

Michel Catalano, après le massacre de la rédaction de Charlie-Hebdo et l’assassinat du policier Ahmed Merabet, a vu avec stupeur, le 09 janvier 2015, arriver dans son imprimerie les deux terroristes. Il est resté avec eux pendant deux heures tandis que son employé Lilian demeurait caché et immobile dans un meuble étroit sous un évier. « Le hasard et la folie de deux hommes ont fait que le 9 janvier 2015, je suis passé de l’anonymat à la Une des journaux (…). Je n’ai jamais voulu devenir un héros ». Depuis, les locaux de son entreprise ont été rénovés.

Un atelier recherches documentaires et réflexion

Nous avons demandé aux élèves de faire quelques recherches sur Danièle Klein et de nous dire pourquoi elle est une victime : tous répondent qu’elle est une victime car son frère est mort dans l’attentat du DC10 du 19 septembre 1999.

Nous leur avons aussi demandé dans quelles circonstances elle a eu affaire avec les médias. Deux types de réponse sont mises en avant : elle a mené un combat pour démontrer la responsabilité de l’Etat libyen dans l’attentat et elle mène un autre combat en tant que présidente de l’AfVT pour les droits des victimes.

Les adjectifs choisis pour qualifier Danièle Klein sont : forte, résistante, généreuse, persévérante, courageuse, un lycéen précise même qu’« elle est très forte mentalement ».

Les questions que les lycéens aimeraient lui poser concernent son histoire, sa vie, sa relation avec les médias et ses convictions au sein de l’association :

Ils sont nombreux à vouloir savoir « comment » Danièle a appris la mort de son frère, et l’un d’eux demande : « Y pensez-vous encore ? »

Un autre pose une question tendre et simple : « Votre frère vous manque-t-il ? », tandis que d’autres pensent à un après : « Comment avez-vous surmonté cette épreuve ? », « Comment avez-vous tourné la page ? ».

D’autres encore expriment une sincère inquiétude : « Allez-vous réellement mieux ou bien cachez-vous la douleur ? », « Avez-vous peur pour votre vie maintenant ? », et cette question compréhensible : « Pouvez-vous prendre l’avion ? »

D’autres ont des interrogations plus politiques : « Avez-vous un sentiment d’injustice ? », « A votre avis, quelle était la motivation des terroristes ? », « Comment avez-vous réagi quand Kadhafi est mort ? »

Certaines questions concernent la fréquentation des médias : « Comment avez-vous vécu la pression des médias ? », « Etait-ce difficile d’être sans cesse interpelée par les médias ? »

D’autres questions enfin concernent l’implication de Danièle dans l’association : « Qu’est-ce qui vous a poussé à créer votre association contre le terrorisme ? », « L’avez-vous créée pour vous aider vous-même ou pour les autres ? », « De quoi êtes-vous le plus fière avec l’association ? », « Cette association prend-elle aujourd’hui une grande place dans votre vie ? »

De la même manière, nous avons demandé pourquoi Michel Catalano est une victime du terrorisme et voici quelques réponses : car il a été otage quelques heures, « car il a vécu un choc », « car il a été touché directement par les agresseurs » et on se demande si ce « touché » désigne concrètement le fait que Michel Catalano a fait un bandage à l’un des terroristes.

Presque tous les élèves emploient le terme de « héros » pour désigner Michel Catalano : non seulement il a « protégé » ou « sauvé » son employé Lilian « avant lui-même » en « se montrant », mais il est aussi altruiste, courageux, patient, digne. C’est un « survivant ».

Les questions que les lycéens aimeraient lui poser concernent les heures durant lesquelles il a été otage d’une part et ce qu’il pense, ce qu’il ressent aujourd’hui d’autre part, enfin il y a des questions au sujet de son entreprise et de ses relations avec les médias :

Tous sont impressionnés par le sang froid de Michel et se demandent comment il n’a pas été terrassé par la peur : « Avez-vous eu peur pour votre vie ? », « Avez-vous eu peur de mourir ? », « Avez-vous eu une manifestation physique de la peur ? », et même « Aviez-vous gardé un peu d’espoir de survivre ? », « Avez-vous vu la mort arriver ? ».

Certains expriment leur admiration : Comment a-t-il trouvé « le courage d’agir » ? « De les affronter » ? « De se montrer aux terroristes » ? puis : « Qu’est-ce que vous vous dites lorsqu’ils viennent ? », « Comment avez-vous fait pour cacher votre employé Lilian avant l’arrivée des terroristes ? ».

Un lycéen se risque à demander : « Avez-vous eu la pensée de tuer vous-même les frères Kouachi ? »

Les élèves perçoivent que la relation aux médias est ambivalente : « Est-ce que les médias vous ont aidé à vous reconstruire ? », interroge l’un, tandis qu’un autre demande « Comment avez-vous vécu l’arrivée des journalistes devant chez vous ? » et que l’autre emploie l’expression « gérer la pression des média ».

Des questions concernent la vie de Michel Catalano après les événements de janvier 2015 : tout d’abord « Comment se sont passés les jours qui ont suivi ce drame ? », ensuite « Vous sentez-vous en sécurité aujourd’hui ? », « Êtes-vous encore en état de choc ? », et « Vous y repensez souvent ? », « Avez-vous depuis changé d’habitudes ? », « Quels conseils vous ont donné les membres de l’association ? »

Enfin, certains lycéens, s’interrogent sur la vie professionnelle de Michel : « Que ressentez-vous depuis la réouverture de votre imprimerie ? », « Est-ce que votre entreprise marche mieux aujourd’hui qu’avant les attentats ? », « Vos employés d’aujourd’hui vous voient-ils comme un héros ? ».

Nul doute que mardi 03 avril, Danièle Klein et Michel Catalano répondront à bon nombre de ces questions et en feront surgir d’autres.

Un atelier film

Tous les élèves de la classe Médias ont été filmés quelques instants : tous ont prononcé quelques mots, et le montage de ces courtes captations constituera une vidéo qui sera diffusée pour accueillir Michel et Danièle le mardi 3 avril.

Avant de commencer le « tournage » nous avons pris le temps avec leur professeur de leur demander de nous raconter comment ils avaient vécu « les attentats » sans préciser quels attentats, leur laissant la liberté d’évoquer celui qui les avait marqués personnellement.  Leurs souvenirs remontent aux attentats de 2015 qu’ils ont vécus malgré leur jeune âge au moment des faits – ils étaient en général en quatrième, cette année-là. Chacun a pris la parole, certains évoquant des moments qui les avaient troublés, d’autres racontant leur simple quotidien qui a été perturbé par ces événements : « moi j’étais au foot et j’ai appris ça en rentrant, je vais pas dire ça ! c’est nul ! ». Ce n’est pas « nul » du tout : cela montre au contraire que chacun était dans le quotidien de sa vie et pour certains ce quotidien a été ébranlé.

Puis est venu le moment du tournage, la timidité des élèves a vite laissé place à leur spontanéité.

Nous n’en dévoilerons pas davantage avant que Danièle Klein et Michel Catalano découvrent la vidéo.

Merci et à la semaine prochaine à

Inès, Mélissa, Lou (garçon), Dialla, Alexandra, Neila, Johanna, Romane, David, Mady, Nicolas, Alex, Océane, Mélanie, Basil, Gabin, Chaïma, Stéphanie, Margot, Mathieu, Irwin, Alexia, Emilien, Paul, Alexandra, Maena, Princesse-Sylvia, Angelica, Karl, Hamida et Lou (fille).

Et aux très patientes enseignantes :

Delphine Rachet

Elisabeth Bonnerot

Bénédicte Lejeune

Et à Madame Ferry-Grand, Proviseure

(Photo des travaux menés par les élèves de l’option Arts Plastiques )

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