Cinq classes à la première parisienne de Géhenne, d’Ismaël Saidi

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Ils étaient environ 120 élèves, vendredi 21 décembre, attroupés dans l’élégante rue Félibien, devant la Maison des Pratiques Artistiques Amateurs ou MPAA Saint-Germain, à l’invitation du Comité Interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR). Madame Fatiha El Angouri, professeure d’histoire au lycée Georges Braque d’Argenteuil, accompagnait ses élèves de Seconde ; Madame Lauriane Jumel, du lycée Julie-Victoire Daubié, ses élèves de BTS et de Première STMG ; Madame Delphine Rachet, du lycée Claude Bernard à Paris, ses élèves de Terminale ; et Madame Sophie Davieau-Pousset avec ses Terminales L du lycée Lucie Aubrac de Courbevoie. Ces classes, l’AfVT les connaît bien pour avoir y avoir organisé des rencontres avec des victimes du terrorisme.

Dans la salle, l’ambiance est vive, les « grands » de BTS échangent avec les lycéens. Après une brève allocution sans notes de Madame Muriel Domenach, Présidente du CIPDR, les lumières s’éteignent. La scène est soudain bombardée de flashs figurant des tirs de pistolets-mitrailleurs dont on entend le bruit en fond sonore. C’est le début de la pièce Géhenne, d’Ismaël Saidi, représentant la confrontation d’un terroriste avec tout ce qu’il hait, une femme juive et un prêtre homosexuel.  Après deux heures de spectacle où le public a ri autant que pleuré, les élèves applaudissent. Certains d’entre eux se lèvent pour mieux saluer la performance des trois comédiens.

Le spectacle est terminé, la réflexion se poursuit : Ismaël Saidi, soudain départi de l’agressivité de son personnage, lance quelques blagues en prenant des chaises en coulisses, et entame un débat avec les spectateurs. Il invite l’islamologue Michaël Privot et Delphine Horvilleur, Rabbine, à le rejoindre sur scène. L’auteur et comédien prend place entre les deux intervenants, sur la chaise roulante qui lui servait d’accessoire.

Les questions se succèdent pendant trois quarts d’heure. Certaines ont trait à la foi islamique revendiquée par Ismaël Saidi, d’autres abordent la question du terrorisme sous un angle plus politique, voire juridique. « Vous n’avez pas peur que les gens fassent des amalgames après avoir vu une pièce avec un Musulman terroriste ? » demande un élève d’Argenteuil, ce à quoi Ismaël Saidi répond : « Je parle de ce qui a lieu aujourd’hui. Je doute que les gens ressortent du spectacle en ayant des pensées islamophobes. Ceux qui font des amalgames n’ont pas besoin de ma pièce pour en faire. »

De même que le personnage féminin de la pièce revendiquait un statut de « juive laïque », Ismaël Saidi n’hésite pas à utiliser l’expression « musulman laïc ». Il ajoute que ne pas appliquer toutes les règles présentées comme immuables ne fait évidemment pas de vous un faux musulman.

L’auteur s’étend sur le personnage qu’il vient d’incarner : « Il a mutilé ma religion, et c’est pour cette raison que je le représente mutilé sur scène. » Mutilation physique, mutilation morale, Ismaël Saidi répètera à trois reprises ces mots : « Je ne pardonne pas à mon personnage. »

Nul doute que Géhenne, représentée devant nos lycéens, est une pièce dédiée à d’autres enfants, chers à l’AfVT, Gabriel et Arieh Sandler et Myriam Monsonego, et nous en sommes reconnaissants à Ismaël Saidi.

Nous retournerons le 12 février, accompagnés de quelques victimes du terrorisme qui ont témoigné dans les classes, voir Géhenne avec 110 lycéens.

 

MERCI aux comédiens,

Au CIPDR,

A Hicham Fassi-Fihri,

Et aux élèves des lycées Lucie Aubrac de Courbevoie, Claude Bernard de Paris, Georges Braque et Julie-Victoire Daubié d’Argenteuil, ainsi qu’à leurs enthousiastes professeures.

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