Bilan de la rencontre « De Victimes à Victimes » du 8 juin 2022 à Nice

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Ce sont une dizaine de victimes qui se font face. Chacune d’elle est marquée par la tragédie survenue le soir du 14 juillet 2016 à Nice sur la Promenade des Anglais. Qu’il s’agisse de grands-parents endeuillés, d’un couple blessé dans sa chair, d’une mère et sa fille traumatisées ou de blessés psychologiques ou physiques, tous ont ressenti ce besoin d’échanger alors que le procès se profile à l’horizon.

 

Les huit victimes vont être amenées à discuter avec des Grands Témoins de l’AfVT, c’est-à-dire d’autres victimes du terrorisme qui ont précédemment vécu l’expérience d’un procès. C’est l’occasion de parler des attentes, des angoisses, des questions présentes dans l’esprit de chacun. Ces Grands Témoins, ce sont Jean-Claude et Lydia, victimes du Bataclan pendant les attentats du 13 novembre 2015.

 

Pendant trois heures, chacun va faire l’expérience de ces six années de douleur et de cheminement, qui aboutira dans un premier temps avec le procès de l’attentat, prévu à partir de septembre 2022 au Palais de Justice de Paris devant une Cour d’Assise spécialement composée. La rencontre a lieu à l’hôtel Grimaldi de Nice, dans une salle mise à disposition pour l’occasion par son directeur. Est aussi présente l’équipe de Florence Nahon, journaliste pour France Télévisions.

 

Tous se posent tour à tour la question : pourquoi témoigner ? Dans quel but ? Les avis divergent. Si d’un côté, certains ressentent une forme de méfiance vis-à-vis de la justice, d’autres estiment qu’il en va de leur devoir d’apporter leur témoignage devant la cour car ils considèrent ainsi contribuer à rendre la justice. La présence de Maître Philippe Soussi, avocat au barreau de Nice, permet de tempérer les échanges et de rappeler qu’il en va de la liberté de chacun de témoigner ou non. Pour Me Soussi, la décision de témoigner ou non au cours du procès relève d’un cheminement personnel où joue bien sûr le libre-arbitre. Témoigner ne doit pas être synonyme de contrainte pour une victime, aussi peut-elle le jour même décider de renoncer à témoigner si c’est ce qu’elle souhaite.

 

Tous les participants sont ainsi soutenus par les victimes des attentats de Paris, qui vivent en ce moment les derniers jours d’un procès historique et qui comprennent mieux que personne les enjeux liés à cette procédure. Jean-Claude et Lydia en particulier ressentent cette volonté de tendre la main à ceux qui vont bientôt leur succéder sur les bancs du Palais de Justice en tant que parties civiles. Certaines victimes des attentats du 13 novembre ont d’ailleurs déjà fait part de leur souhait d’accompagner les victimes de Nice en assistant avec elles aux audiences. De leur côté, les victimes de l’attentat de Nice accueillent chaleureusement cet élan de solidarité et estiment ce geste très important.

 

Lydia et Jean-Claude expliquent qu’en amont du procès du 13 novembre, ceux-ci s’étaient déjà rendu à un procès pénal terroriste pour comprendre le fonctionnement d’une telle procédure. Si pour Lydia, cette préparation a été absolument nécessaire et décisive quant à sa volonté de témoigner lors du procès du 13 novembre, pour Jean-Claude, la conclusion a été bien différente. En effet, ce travail préparatoire lui a permis de comprendre que témoigner ne lui apporterait rien de plus et qu’il ne ressentait dès lors pas le besoin de s’exprimer devant la Cour.

 

Du côté des victimes de Nice, la réflexion est encore de mise. Parler, c’est l’occasion de faire sortir les émotions, une catharsis bien souvent nécessaire pour certains au vu des épreuves traversées. Pour l’une des victimes, blessée physiquement, le traumatisme s’est traduit par une profonde peur de l’autre, l’angoisse que quiconque rentre dans sa chambre d’hôpital, la crainte du personnel soignant. Pour une autre, âgée de douze ans au moment de l’attentat, c’est une enfance ponctuée de consultations médicales, dans l’espoir de soulager la blessure psychologique.

 

A l’issue de cette rencontre, les victimes de Nice éprouvent un sentiment de reconnaissance. Elles sourient. Si ce rendez-vous a aussi été l’occasion de rappeler les dispositifs d’accompagnement aux victimes à leur disposition, il aura surtout permis de partager douceur et mots réconfortants. Toujours dans cet esprit de solidarité, la rencontre s’est officiellement terminée mais les participants ont pu rester entre eux pour continuer les échanges.

 

Quels sont les dispositifs d’accompagnement aux parties civiles de l’attentat de Nice ?

 

D’autres rencontres sont prévues à partir d’août 2022 pour les victimes de l’attentat de Nice désireuses de rencontrer d’autres victimes. Pour retrouver toutes les informations concernant les rencontres, cliquez ici.

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