Trois couples d’expatriés français et leurs trois enfants ont été attaqués en plein désert lors d’une excursion près de Médine, dans le nord-ouest de l’Arabie Saoudite.
Alors que les familles s’étaient arrêtées pour pique-niquer avant de reprendre la route, un 4×4 est arrivé à leur hauteur. L’un des passagers a demandé à si le groupe était français. Dès lors que la réponse a confirmé ce qu’ils soupçonnaient, au moins deux hommes ont ouvert le feu sur les familles avec des armes automatiques.
Les trois maris sont visés sous les yeux de leurs proches, en état de choc, et meurent sur le coup.
Un adolescent, en protégeant sa mère, sera grièvement blessé et décédera le lendemain de ses blessures.
Deux des adultes tués étaient des employés de l’entreprise Schneider Electric, le troisième était enseignant à Ryad.
L’attaque n’a pas été officiellement revendiquée mais l’enquête a démontré qu’elle avait été par les membres saoudiens d’une cellule d’Al-Qaida, déjà impliquée dans une vague d’attaques depuis mai 2003 contre des ressortissants étrangers.
Une instruction a été ouverte à Paris, et les familles des victimes se sont constituées partie civile. La juge Nathalie Poux est en charge de l’instruction du dossier.
- Zakia BONNET a été blessée lors de l’attaque (elle perdra l’enfant qu’elle portait). Son mari, Jean-Marc BONNET (employé de l’entreprise Schneider Electric), et son fils, Romain BONNET (17 ans), ont trouvé la mort.
- Caroline NOVELLA, Sébastien NOVELLA et Mathieu NOVELLA ont perdu leur père Jean-Michel NOVELLA (employé de l’entreprise Schneider Electric). Malheureusement, leur mère Béatrice NOVELLA est décédée d’un cancer généralisé le 20 mai 2011.
- Carole ABESCAT a perdu son mari Jean-Claude ABESCAT (enseignant). Leurs deux enfants, Anaële et Adrien ABESCAT, témoins directs de l’attaque, étaient mineurs et représentés par leur mère.
Procès à Ryad
Le 28 décembre 2011, un procès a été ouvert par un tribunal spécialisé dans les affaires de terrorisme, à Ryad.
1°/ Le droit saoudien prévoit en l’article 148 de son code pénal que les ayant-droits et les héritiers présentent leurs demandes devant le tribunal compétent qui a jugé l’affaire,
2°/ figurent au dossier deux PV du Commandant Ritter :
a) le premier du 28/12/2011 qui informe de l’ouverture le jour même du procès et son ajournement à un mois,
b) le second du 09/01/2012 qui informe de ce que :
– le procès se tient en quatre phases : audiences préliminaire, puis réservée aux droits de la défense, puis d’accusation, puis la dernière de synthèse et de verdict,
– la cour spéciale est composée de trois magistrats, un procureur et deux greffiers,
– l’audience préliminaire (28/12/2011) s’est tenue à huis clos, et l’accusation y a rappelé les faits,
– l’accusation distingue dix-huit personnes impliquées à divers degrés :
groupe A : le chef, Walid AL RADDADI (abattu, nous le savons, le 6 avril 2007),
groupe B : les prévenus directement impliqués mais en fuite, Nasser AL AMRI, Majed AL MUCEDH et Khaled AL RADDADI,
groupe C : les prévenus directement impliqués et présents à l’audience, Majed AL HARBI, Nasser AL BILAOUI et Abdullah AL MUHAMMADI,
groupe D : les prévenus présents dont l’implication se borne à une aide logistique.
– tous se revendiquent d’Al Qaida,
– le Procureur a déjà requis la peine de mort pour le groupe B.
Le verdict
Le procès a trouvé son dénouement le 14 janvier 2014. Le verdict a en effet été rendu en présence de Zakia BONNET, Adrien, Anaële et Carole ABESCAT.
Les deux principaux accusés ont été condamnés à mort.
Douze autre prévenus ont été condamnés à des peines de 3 à 23 ans de prison.
La décision judiciaire a été confirmée en appel, et un recours a été déposé devant la Cour suprême saoudienne.
Bien que l’enquête est toujours officiellement ouverte du côté français, le volet judiciaire est pris en main par les autorités saoudiennes.