Qu’est-ce que « Mon crayon pour l’abolition » ?
Un projet se déroulant depuis novembre 2015 et qui prendra fin en juin, auquel neuf classes de collégiens de Paris et de Metz auront participé. Cette initiative, mise en place par le collectif ECPM (Ensemble Contre la Peine de Mort), en partenariat avec l’AfVT et Cartooning for Peace, a pour objectif de sensibiliser un jeune public sur le thème de la peine de mort via un projet pédagogique basé sur le journalisme.
Retour sur le projet :
Au cours de ce projet, les jeunes ont été invités à produire des contenus journalistiques, qui seront présentés lors d’une cérémonie de clôture le 23 mai 2016, sous la forme d’un support : « Le Journal de l’abolition ». Pour cela, chaque classe participante a été accompagnée par un journaliste/caricaturiste et un membre du collectif ECPM. Les élèves ont ensuite rencontré des intervenants clés sur les différentes thématiques abordées.
Ils ont dans un premier temps effectué un travail sur la forme, grâce à une première rencontre d’initiation au projet et d’échanges autour des thèmes de la liberté d’expression, de l’importance du journalisme pour la démocratie et sur le métier de journaliste de manière plus générale.
Pour leur permettre d’approfondir le sujet, le collectif ECPM a également mis en place, dans les différentes classes, une série de rencontre sous deux angles : des proches de condamnés, dont Sabine Atlaoui, et des victimes du terrorisme ayant pris position contre la peine de mort.
Pourquoi l’AfVT.org s’engage contre la peine de mort ?
« Par leur parole et par leurs actes, les victimes d’attentats luttent pour l’abolition du terrorisme, dans le respect des droits de l’Homme et du droit international », c’est dans cette optique que l’AfVT.org s’est positionné, aux côtés du collectif ECPM. L’intervention de victimes du terrorisme dans ce projet permet donc d’apporter une vision complémentaire.
Durant leurs interventions, les membres de l’AfVT.org ont souhaité démontrer que même face à un évènement qui a bouleversé leurs vies, elles ne souhaitent pas avoir recours à un procédé tel que la peine de mort.
Qui sont les membres de l’AfVT.org qui ont participé ?
Yohanna Brette, qui a perdu sa mère dans l’attentat du DC-10 d’UTA en 1989 et a fait aujourd’hui de l’aide aux victimes et de la prévention contre la radicalisation, un de ses combats.
Elle nous livre aujourd’hui son témoignage sur son intervention du 16 décembre 2015 :
« C’était pour moi une première d’intervenir auprès d’adolescents sur cette problématique et j’en garde un très bon souvenir et l’envie de recommencer avec plaisir.
Dans le cadre cette opération, il m’a été donné le temps de raconter mon histoire, mon drame mais aussi ma vie au sens large.
Celle que j’étais avant (bien que très jeune), celle que je suis devenue suite à cela et celle que j’ai choisi de devenir.
J’ai pu expliquer les différents stades par lesquels je suis passée, et pourquoi il me paraissait important d’être face à eux ce jour-là.
J’ai pu, avec eux, mettre des mots sur ces choses que l’on ne s’explique pas, mais qui pourtant sont à intégrer dans notre quotidien et dans la vie collective.
Dans ce que j’appellerai « ma mission », en tant que témoin, l’important est de pouvoir créer des zones de dialogue, des temps où l’on ne s’interdit rien, où l’on peut se questionner, se dire les choses… Et ainsi LEVER des tabous.
Les problématiques liées au terrorisme ne sont pas « glamour », mais cependant bien ancrées dans l’imaginaire collectif actuel. Donc il y a des questions, des sentiments mitigés. Et ces enfants, comme beaucoup d’autres, sont des éponges à sentiments. Mais ils ont des idées, qu’il faut écouter, essayer de comprendre et éventuellement contrecarrer avec un discours qu’ils comprennent et peuvent appréhender.
C’est un public qu’il faut sensibiliser car ils sont notre avenir et il faut leur donner le droit et l’opportunité d’être un ambassadeur de paix, de solidarité et respect. »
Anaëlle Abescat a perdu son père, assassiné sous ses yeux en Arabie Saoudite (2007) lors d’un voyage avec sa famille et des amis. Elle milite aujourd’hui pour faire entendre la voix des victimes et partager son expérience avec des jeunes, notamment lors d’interventions en milieux scolaires. Le 17 décembre dernier elle a pu expliquer aux élèves du lycée Georges Braque (à Argenteuil), que même avec ce qu’elle a vécu, elle refuse de prendre le chemin de la vengeance.
Julien et Caroline Altounian ont été victimes de l’attentat du Caire en 2009, qui coûta la vie à Cécile Vannier. Ils interviennent par ailleurs avec l’AfVT.org dans de nombreux programmes de prévention tels que « Terrorisme : Et si on écoutait les victimes ? » et « La voix des victimes contre la radicalisation ». C’est dans cette même démarche qu’ils ont souhaité participer au projet avec l’ECPM, pour montrer cette fois ci que la violence et la vengeance ne sont pas des solutions.
« Pour ma part, en tant que victime de terrorisme, j’ai eu l’envie de leur raconter mon histoire et ma lutte intérieure contre les pulsions de vengeance. Qu’ils soient pour ou contre, je pense les avoir fait avancer dans leur réflexion, mais je dirai que ce sont eux finalement qui m’ont profondément touché. Leur implication sans faille dans le rôle de journalistes en herbe était parfaite, ils me posaient des questions pertinentes, rebondissaient intelligemment, ils étaient attentifs passionnés et passionnants. Je les ai trouvés particulièrement doux et matures. Je ne sais pas comment ils exploiteront cette expérience, s’ils décideront de prendre un crayon dans leur main pour se muer en caricaturistes, ou s’ils s’intéresseront au journalisme, ou aux luttes pour les droits humains, mais je suis persuadé que cette jeunesse possède des atouts remarquables. » nous a confié Julien.
Soad El Khammal a perdu son mari et son fils dans l’attentat du 16 mai 2003 à Casablanca. Elle est aujourd’hui la présidente de l’Association Marocaine des Victimes du Terrorisme (AMVT) et se mobilise pour soutenir et assister les victimes et s’occupe également de sensibiliser le public aux différentes problématiques du terrorisme. Elle a échangé au cours de son intervention, avec des élèves d’Asnières-sur-Seine, sur son expérience de vie et sur son opinion de la peine de mort en leur expliquant pourquoi il était primordial pour elle de lutter aujourd’hui contre celle-ci.
Le collectif ECPM, c’est quoi ?
L’association « Ensemble Contre la Peine de Mort » est une organisation non-gouvernementale française, fondée en 2000, qui vise à abolir la peine de mort dans le monde.
Elle organise et soutient des actions en France et à l’international qui luttent contre la peine de mort, pour son abolition universelle et qui, de manière générale, œuvrent en faveur des droits de l’Homme et des libertés fondamentales.
Ensemble Contre la Peine de mort est également membre fondateur de la Coalition mondiale contre la peine de mort et organisateur des Congrès mondiaux qui ont lieu tous les trois ans.
Pour plus d’informations : www.abolition.fr
Cartooning for Peace, c’est quoi ?
« Cartooning for Peace » est une association créée en 2008 à la suite du colloque « Désapprendre l’intolérance – dessiner pour la paix ».
Elle compte aujourd’hui un réseau international d’environ 120 dessinateurs de presse qui défendent le respect des cultures, des croyances et des libertés entre les populations.
L’association organise des expositions de dessin de presse et des conférences publiques sur différents thèmes tels que la liberté d’expression, les droits de l’homme, les conflits armés, etc.
Pour plus d’informations : www.cartooningforpeace.org