Le 13 novembre, une série d’attaques coordonnées a été menée aux abords du Stade de France, à l’intérieur de la salle du Bataclan, contre plusieurs terrasses de cafés parisiens réparties dans les Xe et XIe arrondissements de la capitale. Les attentats sont revendiqués par le groupe djihadiste Daesh, et ont été perpétrés par une équipe de terroristes commune aux attentats de Bruxelles du 22 mars 2016.
Au moins trois petites équipes mobiles ont perpétré ces attaques, munis d’armes automatiques et de ceintures d’explosifs.
Ces attaques constituent la séquence terroriste la plus meurtrière de l’histoire de France.
- 130 personnes sont décédées.
- 350 personnes ont été blessées, dont plusieurs dizaines garderont des séquelles à vie.
- Le nombre réel de blessés est estimé à environ 450, certains n’ayant pas été hospitalisés.
Des actions simultanées dans des lieux très fréquentés
Les attaques de Paris et de Saint-Denis reprennent le mode opératoire de la tuerie de masse, introduit par les attentats de Mumbai (Inde) en 2008 : une série d’attaques coordonnées, perpétrées à l’arme automatique et à l’explosif dans des lieux publics très fréquentés, jumelés à des prises d’otage. Ce type d’opération vise à causer un maximum de victimes, à faire durer l’action pour optimiser l’attention médiatique et à complexifier la réponse des forces de l’ordre en multipliant les sites attaqués.
Le 12 novembre, trois véhicules ont quitté Bruxelles en direction de Paris.
Chaque voiture transportait un commando auquel un ou plusieurs objectifs sont assignés.
Le 13 novembre, au terme de plusieurs heures d’attente, les terroristes se divisent en plusieurs petits groupes afin de lancer les attaques de manière coordonnée entre 21h20 et 01h40.
Vers 21h20, aux abords du Stade de France à Saint-Denis, où se déroule le match de football amical France-Allemagne en présence du Président de la République, une première explosion retentit rue Jules Rimet, près de la porte D, alors que le match a entamé sa première mi-temps. Un terroriste vient de faire détoner son gilet explosif, causant la mort d’une personne.
Âgé de 63 ans, Manuel COLAÇO DIAS était originaire du Portugal et laisse derrière lui une fille de 33 ans et un fils de 30 ans.
Vers 21h30, un second terroriste se fait exploser rue Jules Rimet, près de la porte H, sans faire de victimes.
Vers 21h53, un troisième individu fait détoner son gilet à 500 mètres des deux explosions, rue de la Cokerie, près d’une enseigne McDonald’s, blessant 14 personnes. Le Président de la République est évacué tandis que le match se poursuit jusqu’à son terme. L’enceinte du stade est bouclée, et les spectateurs sont progressivement évacués.
Il est à noter que cet attentat aurait pu être bien plus meurtrier, les terroristes ayant vraisemblablement manqué leur objectif qui aurait été de se faire exploser à l’intérieur du stade, ou aux abords du stade lors du regroupement des spectateurs en entrée ou en sortie de match.
Attaques menées dans les Xème et XIème arrondissements
21h25 : quatre fusillades se produisent dans un périmètre restreint. Des individus armés de fusils d’assaut sont repérés, circulant à bord d’une Seat Leon noire, et ouvrent le feu sur les personnes attablées au restaurant Le Petit Cambodge et au bar Le Carillon, à l’angle des rues Bichat et Alibert dans le Xème arrondissement. Une quinzaine de personnes est tuée.
Les terroristes se dirigent ensuite en voiture vers de nouvelles cibles, le bar La Bonne Bière, situé à l’angle des rues du Faubourg-du-Temple et de la Fontaine-au-Roi, puis le restaurant Casa Nostra, à l’intersection des rues de la Folie Méricourt et de la Fontaine-au-Roi. Les terroristes visent une nouvelle fois les clients attablés et les passants, tuant cinq personnes.
21h30 : le commando attaque le café La Belle Équipe, à l’angle des rues Faidherbe et Charonne dans le XIème arrondissement. Ils mitraillent la terrasse qui est bondée, assassinant 19 personnes.
21h40 : un terroriste actionne son gilet explosif au bistrot Le Comptoir Voltaire, situé boulevard Voltaire. L’individu se fait exploser après avoir été installé par une serveuse, mais le souffle de l’explosion est dévié du fait du positionnement du terroriste et de la configuration des lieux. Une vingtaine de personnes est néanmoins blessée, dont certaines grièvement. Le terroriste succombe à ses blessures malgré les premiers soins prodigués par un infirmier urgentiste qui ignorait son identité.
Un autre lieu devait vraisemblablement être frappé dans le XVIIIème arrondissement, mais le terroriste qui aurait dû commettre l’attaque a abandonné son véhicule aux alentours de 22h00, place Albert Kahn, pour une raison qui reste à déterminer. Il sera ensuite exfiltré vers la Belgique par deux complices.
Le Bataclan
21h45 : un troisième commando arrive à bord d’une Volkswagen Polo devant la salle de concert du Bataclan, au 50 boulevard Voltaire, où se déroulera l’attaque la plus meurtrière de cette soirée.
Trois individus armés de fusils d’assaut et de ceintures explosives ouvrent alors le feu sur la terrasse du café Bataclan, tuant trois personnes, puis pénètrent dans le bâtiment où près de 1500 personnes assistent au concert du groupe américain Eagles of Death Metal, qui a démarré une demi-heure plus tôt.
Ayant pénétré par l’arrière de la salle de concert, deux terroristes ouvrent le feu sur la foule, provoquant un grand mouvement de panique. Les spectateurs de la fosse sont alors pris au piège. Le troisième terroriste est resté, lui, à l’extérieur, au niveau du passage Saint-Pierre Amelot sur lequel débouche une issue de secours. Il tire alors sur les spectateurs qui commençaient à s’échapper, avant de rejoindre ses deux complices. La plupart des spectateurs parviennent néanmoins à s’enfuir ou à se cacher dans les combles du premier étage. À l’intérieur de la salle, les terroristes poursuivent leur carnage, tirant sur leurs otages en plusieurs salves, de manière discrétionnaire. Deux des terroristes montent au premier étage et prennent de nouvelles personnes en otage.
22h00 : un brigadier et un commissaire divisionnaire de la brigade anti-criminalité de nuit, alertés par leur hiérarchie dix minutes plus tôt, sont les premiers représentants des forces de l’ordre à pénétrer dans la salle. Leur intervention met fin aux assassinats. Apercevant l’un des preneurs d’otage, les deux policiers tirent sur lui avec leurs armes de service et le neutralisent. Alors qu’il est au sol, il semblerait qu’il soit parvenu à déclencher sa charge explosive. Pris sous le feu des deux autres terroristes, les fonctionnaires de police sont ensuite contraints de se replier, tandis que les derniers assaillants se replient dans un couloir de l’étage fermé par une porte. Les deux terroristes prennent une dizaine de personnes en otage avec eux, dont certains sont placé aux portes et aux fenêtres pour être utilisés comme boucliers humains.
22h15 : les hommes de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) arrivent à proximité du Bataclan. Ils vont pénétrer progressivement dans la salle, contrôlant tous les spectateurs présents au rez-de-chaussée, et favorisant leur évacuation.
À partir de 22h45, les policiers d’élite du RAID arrivent à leur tour sur place et commencent à fouiller le premier étage avec leurs collègues de la BRI, libérant de nombreux spectateurs qui s’y étaient cachés.
23h15 : les policiers d’élite se trouvent devant la porte derrière laquelle se retranchent les deux terroristes et leurs otages. Une brève phase d’échanges téléphoniques s’ensuit au cours de laquelle les terroristes énumèrent des revendications irréalistes, ce qui convainc les forces de l’ordre de l’impossibilité d’engager le dialogue. L’assaut final est donc donné peu avant 23h45. Il ne dure que trois minutes. Après avoir forcé les terroristes à reculer et mis les derniers otages à l’abri, les policiers d’élite abattent l’un des deux hommes. La ceinture explosive de ce dernier se déclenche, tuant son complice. Les derniers spectateurs encore cachés sont ensuite exfiltrés, et le bâtiment est finalement déclaré sécurisé à 01h40 du matin. L’attaque du Bataclan aura fait 90 morts.
Les victimes
110 Français sont décédés dans les attentats du 13 novembre, dont 4 binationaux (1 Franco-Allemand, 1 Franco-Espagnol, 1 Franco-Portugaise, 1 Franco-Russe).
De nombreuses victimes étrangères sont également à déplorer :
- 2 Algériens.
- 1 Allemand.
- 2 Belges.
- 1 Britannique.
- 2 Chiliens.
- 1 Égyptien.
- 1 Espagnol.
- 1 Italienne.
- 1 Marocain.
- 1 Mexicaine.
- 1 Mexicaine-Américaine.
- 1 Portugais.
- 2 Roumains.
- 1 Suédoise.
- 1 Tunisienne.
- 1 Vénézuélien.
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Pour en savoir plus sur les terroristes du 13 novembre, cliquer ici.
Suites judiciaires
L’enquête :
Les juges d’instruction antiterroristes en charge de l’enquête ont annoncé qu’ils espéraient boucler l’instruction en septembre 2019, a rapporté à l’AFP l’avocat de l’association française des victimes du terrorisme (AFVT), Antoine Casubolo Ferro. Cette annonce a été faite lors d’une réunion d’information des rescapés et proches de victimes des attaques perpétrées contre des terrasses et la salle du Bataclan à Paris et au Stade de France à Saint-Denis, qui avaient fait 130 morts au total. Le procès devrait par conséquent débuter en 2020 pour s’achever en 2021.
Au total, treize personnes sont poursuivies dans le dossier instruit à Paris et au moins cinq autres, dont les frères Clain, font l’objet d’un mandat d’arrêt.
Le 27 juillet 2018, Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos jihadistes du 13 novembre 2015, a comparu devant un juge antiterroriste pour la huitième fois depuis sa mise en examen, selon une source judiciaire.
Selon les enquêteurs, lors des attentats du 13-Novembre, il a déposé les trois kamikazes du Stade de France, au nord de Paris, avant d’abandonner une ceinture explosive, laissant penser qu’il devait lui aussi mener une attaque suicide, même si au final la ceinture s’était révélée défectueuse.
Proche du Belgo-Marocain Abdelhamid Abaaoud, coordinateur présumé des attentats, il est accusé d’avoir eu un rôle important de logisticien, louant véhicules et planques en région parisienne, et également d’avoir convoyé à travers l’Europe, depuis la zone irako-syrienne, dix djihadistes pour la plupart impliqués dans les tueries de Paris et de Bruxelles du 22 mars 2016 (32 morts).
Le recours des victimes :
Le recours déposé par une trentaine de victimes des attentats du 13 novembre 2015 concernant les « défaillances » de l’Etat, notamment sur la détection des djihadistes et la sécurisation du Bataclan, a été rejeté mercredi 18 juillet 2018 par le tribunal administratif de Paris.
Un commentaire
Yener Alexandre
19 novembre 2017 at 21 h 46 min
Bonjour
Moi ,ainsi que ma fille étions le soir du 13Novembre 2015 au stade de France et avons subi des dommages corporels (me concernant ) , et psychologiques (concernant ma fille ). Nous nous estimons victimes des attentat du 13 Novembre 2015. Nous ne nous sommes pas signalés comme victimes car je trouvais que mes blessures n’étaient pas si graves . Par contre, ma fille a été suivie par un psychiatre pendant plusieurs mois. Cette année , à l’approche de la date du 13 Novembre ma fille a fait une crise d’angoisse et tout le traumatisme subi s’est à nouveau éveillé . Il se trouve qu’elle est actuellement en classe préparatoire aux grandes écoles et pour cela elle a besoin d’être on bonne forme psychologique et physique , bien sûr . Elle a de nouveau consulté la psychiatre qui nous a très fortement conseillé de nous faire reconnaitre comme victimes des attentats du 13 Novembre 2015 et d’officialiser notre statut .
Nous avions constitué un dossier avec une déclaration à la police ainsi que des attestations médicales .
Je vous remercie de bien vouloir m’indiquer la démarche à suivre afin que notre statut de victimes d’attentat soit reconnu .
Veuillez croire , Monsieur , Madame , à l’expression de mes salutations distinguées
PS: Un message identique a été envoyé à l’association » 13onze15″, ne sachant pas à quelle association m’adresser.