15h39
Un individu muni d’un sac se présente à l’entrée du Musée juif de Belgique, situé 21 rue des Minimes, à Bruxelles, et tire instantanément sur un couple de touristes israéliens avec une arme de poing. Dans la foulée, l’individu pénètre à l’intérieur et longe un couloir pour s’arrêter à l’accueil. Il sort de son sac une arme automatique Kalachnikov AKM à crosse dépliable et vide son chargeur à l’intérieur du musée, en restant posté à l’entrée, sur deux autres personnes. Puis il range son arme dans son sac et repart tranquillement à pied. L’attaque, captée par une caméra de surveillance, a duré environ une minute.
Les victimes
Cet attentat a tué 4 personnes :
- Emmanuel RIVA (54 ans) originaire de Tel-Aviv (Israël) ;
- Myriam RIVA (53 ans) originaire de Tel-Aviv (Israël) ;
- Dominique SABRIER (66 ans) retraitée française, récemment installée en Belgique, et bénévole pour le musée ;
- Alexandre STRENS (25 ans) membre de l’équipe de communication du musée (décédé après avoir été déclaré en état de mort cérébrale pendant plusieurs jours).
Cette attaque a suscité une grande émotion en Belgique, en France et dans la communauté internationale.
Plusieurs rassemblements spontanés se sont déroulés aux abords du musée mais aussi, dès le lendemain, devant l’Ambassade de Belgique à Paris (voir ci-dessous).
En l’absence de revendication, plusieurs pistes ont été envisagées mais la portée antisémite de l’acte ne faisait aucun doute. La sécurité s’est trouvée renforcée autour des lieux fréquentés par la communauté juive de Bruxelles.
Premiers éléments
Un suspect est rapidement interpellé dans la banlieue de Bruxelles, à Jette, mais il est aussitôt mis hors de cause.
Les médias diffusent en boucle les images des caméras de surveillance où l’on voit le tireur, coiffé d’une casquette, et révèlent qu’il aurait peut-être utilisé une caméra GoPro pour filmer son acte.
Le 26 mai, le parquet fédéral antiterroriste belge est saisi du dossier.
Le 30 mai, un individu est interpellé à la gare routière de Marseille Saint-Charles, lors d’un contrôle douanier, alors qu’il se trouve à bord d’un autocar en provenance d’Amsterdam via Bruxelles. Le douanier aperçoit dans son sac une arme et une casquette semblables à celles des images diffusées.
Le jeune n’oppose aucune résistance et se trouve placé en garde à vue pour assassinat, tentative d’assassinat, détention et transport d’armes, en lien avec une entreprise terroriste.
Le sac du suspect contenait également une arme de poing et de nombreuses munitions, ainsi qu’une caméra GoPro. Sur une vidéo enregistrée, on y entend une voix off semblable à celle du suspect qui revendique l’attentat et explique que la caméra n’a pas fonctionné lors de l’attaque.
Le suspect
Le gardé à vue est un jeune français, Medhi NEMMOUCHE.
Né le 17 avril 1985 à Roubaix dans une famille d’origine algérienne, il passe une enfance chaotique, balloté de famille d’accueil en foyer, avant d’être confié à sa grand-mère qui réside dans le quartier sensible de La Bourgogne à Tourcoing. Il tombe dans la délinquance, condamné à sept reprises depuis 2004 pour conduite sans permis, vols avec violence ou vols aggravés.
Medhi NEMMOUCHE se serait radicalisé en prison, fréquentant des groupes islamistes prosélytes, et appelant à la prière collective lors de la promenade.
Dès sa sortie de prison en 2012, il rend rapidement visite à sa famille avant de s’envoler vers la Syrie afin de rejoindre les camps des djihadistes, notamment le groupe ultra-radical de l’Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL), plus connu aujourd’hui sous l’appellation « Etat Islamique » (EI) ou « Daesh ». Malgré sa tentative de brouiller les pistes lors de son retour dans l’hexagone un an plus tard, sa présence est signalée par les autorités allemandes à la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI).
Le 31 mai, un mandat d’arrêt européen est émis par la Belgique contre lui. À l’issue d’une garde à vue de 5 jours au cours de laquelle il a mis à profit son droit au silence, Medhi NEMMOUCHE s’est vu notifier ce mandat d’arrêt.
Lors de la première audience, l’avocat du suspect s’est opposé à sa remise invoquant que son client était « français », « né en France », et qu’il souhaitait par conséquent être jugé dans son pays. Il mettait également en avant le fait que le port illégal d’armes ne lui était reproché qu’en France, et non en Belgique.
Le 26 juin, la Chambre d’instruction de la cour d’appel de Versailles a accédé à la demande des autorités belges. Le suspect s’est alors pourvu en cassation au motif que les autorités belges ne garantissaient pas qu’il ne serait pas extradé vers un pays tiers, en particulier vers l’État d’Israël.
Le 11 juillet, Medhi NEMMOUCHE fait savoir par son avocat qu’il change de position et qu’il ne s’opposerait pas à son extradition à condition que la Belgique certifie « qu’il n’y aura pas de transfert vers un pays tiers », à savoir Israël.
Le 23 juillet, la Cour de cassation confirme la décision de la Cour d’appel de Versailles au motif que le suspect n’avait pas déposé les arguments nécessaires à la recevabilité de son pourvoi.
Le 29 juillet, Medhi NEMMOUCHE est remis aux autorités judiciaires belges.
Le 19 avril 2018, Mehdi Nemmouche est renvoyé devant la cour d’assises de Bruxelles. Il comparaîtra avec son complice présumé, Nacer Bendrer, selon les avocats de la défense. Le troisième inculpé, Mounir Attalah, également de nationalité française, a en revanche bénéficié d’un non-lieu.
Son procès devant la cour d’assises de Bruxelles a début le 10 janvier 2019 et se prolongera jusqu’à début mars.
Parcours d’un djihadiste
Dans l’attente des investigations, il est encore tôt pour déterminer avec précision toutes les étapes du parcours terroriste de l’auteur présumé de la tuerie de Bruxelles.
Pour autant, le samedi 6 septembre 2014, le journaliste Nicolas HÉNIN, ex-otage détenu en Syrie aux côtés de Pierre TORRES, Didier FRANÇOIS et Édouard ÉLIAS, donne une conférence de presse au cours de laquelle il révèle avoir été séquestré par Medhi NEMMOUCHE durant sa captivité. En outre, l’enquête semble démontrer l’existence de liens entre l’attentat contre le Musée juif de Bruxelles et le coordinateur des attentats du 13 novembre 2015 de Paris et Saint-Denis, Abdelhamid ABAAOUD, également cité dans les enquêtes relatives à l’assassinat d’Aurélie CHÂTELAIN à Villejuif et à l’attaque contre le Thalys Amsterdam-Paris.
Ce témoignage fait suite à la révélation par le journal « Le Monde », le matin même, de témoignages des otages français transmis à la justice dans le cadre de l’enquête de l’attentat du Musée juif.
Pour en savoir plus sur cette information rendue publique, cliquer ici.
Pour en savoir plus sur le témoignage de Nicolas HÉNIN, par ailleurs correspondant pour le journal « Le Point », cliquer ici.
Vidéos
Pour visionner le reportage consacré à Dominique SABRIER, cliquer ici.
Pour accéder à l’hommage aux victimes rendu par le ministre de l’Intérieur, Bernard CAZENEUVE, cliquer ici.
Une minute de silence a été observée par les élèves du lycée Dashbeck, à Bruxelles, en mémoire des victimes. Voir ci-dessous :
Dimanche 14 septembre 2014
Ce jour-là, plusieurs mois après l’attentat, le Musée juif de Bruxelles a rouvert ses portes après avoir subi des travaux d’aménagement, notamment en termes de sécurité.
Pour en savoir plus, cliquer ici.
Pour visionner le reportage d’Euronews (1’31 »), voir ci-dessous :