Prise d’otages d’In Amenas (Algérie)
Mercredi 16 janvier 2013
A 5h30 du matin, des hommes armés tirent sur le bus qui transporte les employés étrangers du site gazier de Tiguentourine situé à 45 km à l’ouest d’In Amenas, dans le sud-est de l’Algérie, près de la frontière libyenne.
Escorté par cinq véhicules de type 4×4, le bus était affrété pour ramener les employés à l’aéroport situé à 50 km de l’exploitation.
Au terme de longs échanges de feu, l’attaque est repoussée, mais l’agent de sécurité algérien qui a donné l’alarme, Mohamed AMID LAHMAR, est tué, ainsi que le Britannique Paul MORGAN (ancien légionnaire et chef de la sécurité).
Trois employés japonais fuient à pied, mais seront exécutés.
Alors que le jour se lève, les terroristes qui sont lourdement armés se regroupent et convergent vers le site. Ils parviennent à pénétrer à l’intérieur du site en défonçant la grille de l’entrée principale avec une voiture-bélier.
Le commando investit la « base de vie », espace collectif où les salariés mangent, dorment et font du sport. Certains otages parviennent à se cacher, d’autres à s’enfuir dans la confusion.
Les terroristes fouillent l’installation qui abrite environ 800 personnes et regroupent tous ceux qu’ils identifient comme étant des expatriés, tout en laissant partir de nombreux salariés algériens, dont certains restent pour ravitailler au péril de leur vie certains otages restés cachés.
Les otages se retrouvent ceinturés d’explosifs, et plusieurs sont exécutés sommairement.
L’attaque est pilotée à distance par le chef de guerre narco-djihadiste Mokhtar BELMOKHTAR, dissident d’AQMI (Al-Qaida au Maghreb Islamique), mais dont le groupe « Les Signataires par le sang » reste affilié à Al Qaida.
Jeudi 17 janvier 2013
Les forces militaires algériennes prennent position autour du site.
Les djihadistes affirment détenir 41 otages étrangers : 35 sur la base de vie, 6 dans l’usine.
Dans l’après-midi, une grande partie des otages est transférée dans plusieurs véhicules, probablement afin de servir de boucliers humains. Les hélicoptères de l’armée algérienne ouvrent le feu sur le convoi. La majorité des membres du commando sont tués, mais aussi de nombreux otages.
Certains otages qui étaient restés dissimulés et des salariés algériens commencent à être libérés par les militaires algériens.
Vendredi 18 janvier 2013
La base de vie est sous contrôle mais les forces algériennes doivent combattre un noyau de terroristes retranchés dans l’usine avec quelques otages qui seront exécutés, dont le Français Yann DESJEUX, dans des circonstances qui restent à établir.
Samedi 19 janvier 2013
Les autorités algériennes font état d’un premier bilan de 32 terroristes morts, ainsi que de 23 otages, en précisant avoir libéré 685 employés algériens et 107 ressortissants étrangers.
Le bilan officiel, encore provisoire, au 25 janvier 2013 est le suivant[1] :
NATIONALITE |
OTAGES |
MORTS ET DISPARUS |
Algérie |
685 |
1 |
Japon |
17 |
10 |
Philippines |
21 |
8 + 1 disparu |
Royaume-Uni |
28 |
3 + 3 disparus |
Norvège |
17 |
2 + 3 disparus |
Malaisie |
5 |
2 |
Etats-Unis |
5 |
3 |
France |
5 |
1 |
Roumanie |
3 |
2 |
Turquie |
3 |
0 |
Irlande |
1 |
0 |
Autriche |
1 |
0 |
Portugal |
1 |
0 |
Colombie |
1 |
1 |
TOTAL |
~800 |
~40 |
Soldat d’élite au 1er RPIMa originaire de Bayonne, Yann DESJEUX était un spécialiste de la protection rapprochée ayant accompli de nombreuses missions sensibles, y compris la protection d’otages et de hautes personnalités. Revenu à la vie civile, il était depuis quelques mois à la tête d’un restaurant à Anglet (64), ce qui ne l’avait pas empêché d’être recruté par la société britannique Red Med pour assurer la logistique et la protection du personnel de toute l’unité de vie sur le site.
Les circonstances de son exécution n’ont pas été révélées mais plusieurs témoignages d’otages étrangers qui étaient à ses côtés, notamment un Britannique et un Irlandais, font part d’un « comportement et d’une attitude héroïques qui ont contribué à sauver de nombreuses vies ».
Père de deux enfants, Yann DESJEUX était âgé de 52 ans.
Trois ans après la prise d’otages, grâce à la persévérance de la famille de Yann DESJEUX, le parquet de Paris a en effet ouvert, le 18 janvier 2016, une enquête pour homicide involontaire afin de faire la lumière sur les failles dans la sécurité du site pétrolier au moment de l’attaque.
A ce jour, les enfants de la victime n’ont toujours pas reçu d’indemnisation et les entreprises impliquées, comme la société BP, restent silencieuses.
[1] Source : Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Prise_d%27otages_d%27In_Amenas#cite_ref-lemonde21_21-0