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Dans le cadre de la deuxième Journée internationale de commémoration et d’hommage aux victimes du terrorisme, célébrée le 21 août, l’exposition photographique, « Survivre au terrorisme : Le pouvoir de la résilience « , met en lumière le pouvoir de résilience des victimes, des survivants du terrorisme et de leurs familles.
L’exposition permet aux victimes et aux survivants de partager leurs histoires et d’informer l’ONU, les États Membres et la société civile sur les droits et les besoins des victimes d’attentats terroristes dans le monde.
En tant que partenaire, L’AfVT a aidé à trouver des volontaires pour participer à cette exposition. Il leur a été demandé de penser à un mot décrivant ce que la résilience signifie pour eux, d’écrire ce mot sur une feuille de papier et de demander à un ami ou à un membre de la famille de prendre une photo d’eux en train de tenir ce mot.
Nous tenons aujourd’hui à remercier tous les participants et à mettre à l’honneur leur engagement.
Lydia B. – L’Amour
Je m’appelle Lydia, j’ai 30 ans, suis bénévole dans une association en tant que conseillère juridique, née française d’origine algérienne, et étais au bataclan le soir du 13 novembre 2015 avec deux amies.
Après avoir survécu, je garde tant bien que mal le sourire et résiste face aux épreuves quotidiennes. Malgré la monstruosité qui ne s’effacera jamais de ma mémoire, j’ai choisi de me battre à ma manière : se servir du mal que l’on m’a fait pour devenir encore meilleure, transformer ce mal en source de bonheur et aider les autres à être heureux.
J’ai choisi le mot « amour » car dans la haine elle-même, il y en a, même lorsqu’il semblerait que celle-ci ait pris possession d’une âme tout entière. Il y a encore une lueur d’amour ensevelit sous cette noirceur. Sans amour, nous ne pourrions haïr et sans haine, nous ne pourrions aimer. Ce qui fait pencher la balance d’un côté ou de l’autre réside dans les choix que nous prenons et j’ai choisi de faire vivre l’amour, quoi qu’il arrive, et pour honorer le cadeau qu’il lui fut donné (la vie).
Mélanie B. – L’espoir
Je m’appelle Mélanie j’avais 17 ans le 22 février 2009 quand une bombe a explosée à côté de moi au Caire, en Egypte.
J’étais partie en colonie de vacances avec ma meilleure amie Cécile, elle est décédée dans l’attentat.
Après cette date, je me suis renfermé sur moi-même mais j’ai eu l’espoir et l’envie de continuer à vivre pour ma meilleure amie ; j’ai connu l’association française des Victimes du terrorisme, j’ai obtenu un travail dont l’enseigne s’appelle « espoir », je sortais avec des amies et j’ai ensuite rencontré mon mari et fondé une famille.
Sans l’espoir, je n’aurai jamais imaginé avoir une « belle » vie, ma meilleure amie me manque mais elle restera à jamais gravé dans mon cœur.
Dania Casati et sa famille. – Dieu, la Famille, la Mémoire, les Enfants
Le 14 juillet 2016, l’Italien MARIO CASATI, âgé de 92 ans, a été tué lors de l’attaque terroriste à Nice. Notre famille a perdu un père, un grand-père, un arrière-grand-père auquel nous étions très attachés et qui faisait partie intégrante de notre vie. Il n’est pas facile de surmonter ce deuil, trop dramatique, trop sanglant, trop soudain.
DANIA CASATI : Mon père était une personne très intelligente, il ne sentait pas le poids de son âge, il était en bonne santé et avait une grande envie d’agir. Tous les jours, tant d’objets, d’endroits, de situations me le rappellent et il me faut très peu pour annuler le temps et me faire ressentir à nouveau toute la douleur et l’angoisse de ces terribles journées. Dans la feuille blanche, j’ai écrit DIEU parce que c’est la seule pensée qui puisse me soutenir.
MIRELLA ROMERIO: Ma parole est FAMILLE, la mort de mon grand-père, si violente et si soudaine, m’a traumatisée. Je dois dire que ce n’est que grâce à la présence de mon fils et au soutien de toute la famille que je peux vivre avec ce traumatisme.
GABRIELE ROMERIO: J’avais 4 ans quand mon arrière grand-père est décédé. Je le voyais toutes les semaines et je l’aimais, mais maintenant je ne m’en souviens plus très bien. Ma parole est MÉMOIRE, car ce n’est qu’en entendant les histoires de ma famille et en regardant les photos et les vidéos où il se trouve, que je peux continuer à me rappeler que j’avais un fantastique arrière grand-père.
LAURA ROMERIO: Ma parole est ENFANTS. Je suis éducatrice dans des écoles maternelles, je travaille avec des enfants âgés de trois à six ans et je dois dire que rester en contact toute la journée avec des âmes pures, insouciantes et surprenantes m’a aidée à ne pas penser continuellement à mon grand-père et à la tragédie qui nous a frappés, qui a laissé une profonde blessure en moi.
Ilda Casati. La foi en Jésus
Je m’appelle Ilda Casati. Ma sœur Dania et moi avons perdu notre père lors des attentats de Nice le 14 juillet 2016.
Cet événement m’a profondément marqué. Chaque jour, la mémoire et la douleur qui en résultent refont surface.
J’ai toujours essayé de gérer cette tristesse par le biais d’une grande ressource : la foi catholique. Je ne cherche pas de réponses ou de vengeance. Je me confie à Dieu, non pas avec résignation mais avec acceptation, en cherchant un abandon réconfortant en lui et j’ai même prié pour l’âme de l’assassin de mon père.
Virginie C. – L’art
La résilience par l’art
À la suite d’un attentat, on perd tout. Il ne reste qu’une phrase : à quoi bon
Puis l’art m’a rattrapée. Jute un mot qui m’a sauvé
– Regarder de l’art m’apaise
– Faire de l’art me permet de m’exprimer
– Gagner ma vie par l’art me donne un but
L’art est devenu ma façon de respirer, de reprendre pied dans notre société, d’avoir moins peur des hommes en noir.
Virginie C.
Victime de l’attentat Charlie Hebdo
Eliano d’Agostino – La Famille
Bonjour, je suis Eliano D’Agostino, j’ai 45 ans et je suis ouvrier, j’ai une femme et deux enfants, je suis le fils de Angelo D’Agostino et de Gianna Muset, les époux italiens tués dans l’attentat du 14 juillet à Nice.
Inutile de dire que la douleur était atroce. En un seul instant, j’ai perdu la mère et le père, un coup qui m’a anéanti, comme cela aurait détruit qui que ce soit, d’autant plus de cette manière.
Je n’avais pas beaucoup de temps pour pleurer ou penser, ma famille avait besoin de moi et j’avais besoin d’eux. Ensemble, nous nous sommes donnés la force de continuer, d’avancer, même si notre vie n’est plus la même. Notre mot est: FAMILLE.
Eliano D’Agostino
Guillaume Denoix de Saint Marc – La Fraternité
Le 19 septembre 1989, j’ai perdu mon père dans un attentat contre un avion, le DC10 d’UTA qui faisait le vol Brazzaville – N’Djamena – Paris. L’explosion en vol, au-dessus du désert du Ténéré (Niger), a fait 170 morts de 18 nationalités.
J’ai choisi le mot « fraternité », car depuis 30 ans, je rencontre d’autres victimes, en France, en Europe, à travers le monde… Et à chaque fois j’ai l’impression de croiser un membre de ma famille, une sœur, un frère. Ce qui nous rapproche est plus important que nos différences de couleur de peau, de civilisation ou de croyances.
Ensemble, nous construisons des ponts entre les pays et les civilisations, là où les extrémistes ont cherché à nous diviser.
Garance G. – Les Amis, le Collège
Ce Soir là, j’avais huit ans et demi et j’habitais NICE.
C’est plus pour la musique que pour le feu d’artifice
que maman nous avait déposées, sur la promenade des anglais
Tata et moi.
On devait se retrouver mais le camion est passé, ma tata a su me mettre à l’abri
Elle n’a pas pu me protéger de la vision d’horreur, j’ai vu beaucoup de victimes
j’avais l’angoisse de trouver maman parmi elles.
A la rentrée, j’ai déménagé, quitté mon école, mes amis, Nice, encore une épreuve…
Mes deux années à l’école primaire ont été très pénibles pour moi,
ma vie d’avant me manquait mais
depuis que je suis au collège, entourée de mes nouveaux amis,
je retrouve une certaine capacité de résilience sans rien n’avoir oublié !
Cristina Garrido Delgado – L’Espoir
Je suis Cristina Garrido, la maman de Juan Alberto González Garrido, tuée dans les attentats terroristes perpétrés à Paris le 13 novembre 2015 à la Sala Bataclan. Juan Alberto avait 29 ans.
Je vis dans l’espoir que nous nous retrouverons et nous ferons tous les câlins et tous les bisous que les terroristes nous ont volés.
Camille M. – Le Futur
Je m’appelle Camilla, habite en Italie et le petit sur la photo est mon fils Étienne. Nous sommes des victimes de l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice.
Après avoir vu les feux d’artifices, nous nous sommes dirigés vers le centre-ville par la Promenade des Anglais. J’ai décidé d’acheter pour mon fils, qui n’était qu’un bébé, un jeu lumineux à un marchand ambulant et nous sommes montés sur le trottoir. Quelques secondes après, le camion est passé et nous nous sommes enfuis sur la plage.
Je n’ai jamais eu aussi peur qu’à ce moment. La vie nous a donné une seconde chance, chance que n’ont pas eu les 86 anges innocents.
C’est pour cela que j’ai choisi un mot, qui m’a beaucoup encouragée dans ces années et m’a surtout appris à cohabiter avec ce souvenir, le mot FUTUR.
Futur comme espoir, une reconnaissance d’être encore ici jour après jour, comme une deuxième chance, comme mon fils.
C’est lui qui a été ma force dans ces moments dramatiques à faire face, mon courage que je ne pensais pas avoir. C’est mon soutien, mon tout.
C’est à lui que je dédie cette photo avec tout mon cœur, à mon petit Etienne, en espérant qu’un jour, il pourra se rappeler que même dans de grandes difficultés, il y a toujours de l’espoir et un lendemain meilleur.
Anne Murris – La Peinture
La peinture est devenue une de mes voies vers la résilience. Elle me permet d’être dans un mode d’expression ouvert, non figé voire évolutif, pour moi et pour la personne qui regarde mes tableaux.
Anne Murris, maman de Camille Murris décédée à l’âge de 27 ans le 14 juillet 2016, attentat de Nice.
Jacqueline Niego – La Justice
Depuis 37 ans, des assassins m’ont privée de la présence de mon grand frère André à mes côtés.
Pour nous, familles des victimes décédées dans cet attentat et toutes les victimes qui ont survécu à leurs blessures mais qui en souffrent toujours dans leurs corps, les mêmes questions demeurent : POURQUOI ?
A bientôt 81 ans, je garde toujours l’espoir de voir ces assassins répondent de leurs actes devant la justice française.
Les enfants de Mino R.
Le prénom de notre maman a été choisi car « Mino » en malgache signifie la foi, le fait de croire.
C’est un petit nom qui donne beaucoup d’espérance et qui chaque jour, représente pour nous notre envie d’avancer.
C’est un mot que nous utilisons souvent dans notre dialecte et qui est, dans le monde, a plusieurs sens.
C’est également un fleuve en Espagne ou au Portugal, il amène une fois de plus la vie, comme celle que nous a donné notre maman.
Plus nous grandissons, plus nous apportons de l’intérêt à l’histoire de notre maman et celle de nos origines.
Bien que les conditions de son départ soient douloureuses, nous sommes fières d’elle et cela nous permet d’être fiers de qui nous sommes, un peu plus chaque jour.
C’est ELLE notre résilience, son amour, sa personnalité, son empreinte.
Claire T. – La Solidarité
La solidarité peut changer le monde sans compassion mais avec une unité bienveillante qui m’a sauvée et me sauve encore aujourd’hui !
Paul Vitani – L’engagement
Suite à la prise d’otages de 31 enfants, dont ma sœur et mon frère, à Djibouti et Loyada les 3 et 4 février 1976, événement auquel j’ai assisté c’est l’engagement auprès des autres, en particulier des victimes de la prise d’otages et de leurs familles et, plus généralement, de toutes les victimes du terrorisme qui symbolise le mieux ma résilience.
Helen Wilson – L’Amour
Je m’appelle Helen Jane Wilson.
La nuit du 13 Novembre, 2015, l’amour m’a sauvé la vie.
Mon true love, Nick Alexander m’a pris dans ses bras et m’a mis par
Terre en prenant les balles fatales à ma place.
Je suis restée avec lui jusqu’à la fin mais je ne pouvais pas lui sauver la vie. Il est parti dans mes bras.
Quand je me suis enfin relevée, malgré mes blessures importantes, j’ai ressenti une force extraordinaire qui m’a permis de sortir du Bataclan.
Cette force était son amour qu’il m’avait transféré et qui me permet de
Continuer chaque jour et partager avec le monde entier.