Le procès de l’attentat du Musée du Bardo qui avait été perpétré le 18 mars 2015 en Tunisie s’est tenu à Tunis les 25 janvier, 1er et 8 février 2019. La Tunisie avait accepté de retransmettre les audiences à la Cour d’Appel de Paris dans une salle spécialement dédiée aux victimes. L’AfVT était présente à leurs côtés.
Le Samedi 9 février 2019, la justice tunisienne a condamné 3 prévenus à la prison à perpétuité, prononcé 12 condamnations à de la prison ferme allant de 6 mois à 16 ans et acquitté 10 individus.
Lors de la première audience, après avoir effectué un rappel des faits, le Président a invité chaque accusé à la barre afin de l’interroger. Cette étape était très attendue des victimes. Malheureusement, cette audience n’a pas permis de comprendre le rôle que chacun avait pu jouer et les raisons de leur présence dans ce dossier. En effet, très peu d’accusés ont été questionnés sur l’attentat en lui-même mais davantage sur des passages en Libye ou en Syrie et sur leur utilisation d’une application de messagerie cryptée.
Les deux derniers accusés ont été interrogés lors de la seconde audience puis ont laissé place aux plaidoiries des avocats des parties civiles, ce qui n’est pas habituel en Tunisie. Toutefois, les avocats français ont été confrontés à la difficulté de plaider un dossier qui ne leur avait pas été entièrement transmis, traduit en français. Maitre Géraldine Berger-Stenger a plaidé au nom de l’AfVT et de 4 victimes qu’elle représentait en français, voici un extrait de sa plaidoirie :
« Pour les victimes que je représente, […] Il y a un « avant » et un « après » le musée du BARDO. Leur quotidien est désormais ponctué de cauchemars, d’angoisses, de flashbacks douloureux. Ils ont développé un stress post traumatique comme la plupart des victimes et porteront les stigmates de cet attentat à vie. […] Il est important que justice se fasse.
Mes clients savent que, dans l’arsenal répressif tunisien, figure la peine capitale. Comme vous l’a dit mon confrère, cette notion est difficile à appréhender pour les victimes françaises.
Je ne sais pas quelle sera votre décision ni si des condamnations seront prononcées. Si des condamnations sont prononcées, je ne sais naturellement pas si cette peine capitale en fera partie. Mais si tel était le cas, les personnes que je représente, notamment l’AfVT, sont soucieuses que le moratoire commuant la peine capitale en un emprisonnement à perpétuité soit appliqué le cas échéant. […]».
Ce qui s’est passé le 18 mars 2015 au Musée du Bardo n’est pas à l’image de ce beau pays qu’est la Tunisie ».
Les avocats des prévenus ont ensuite pu plaider au nom de leurs clients. Beaucoup ont souligné la trop grande similarité des actes d’accusation entre le procès de l’attentat du Bardo et celui de la plage de Sousse qui s’est tenu concomitamment, ainsi qu’un non-respect des garanties des droits de la défense et d’accès à un procès équitable. La parole a été rendue aux accusés qui ont très souvent clamé leur innocence ou demander un allègement de peine.
Le procureur n’a pas pris la parole au cours de procès, ce qui est commun en Tunisie puisqu’il soumet uniquement ses observations par écrit au juge.
Le parquet de Tunis a fait appel de ce jugement. Une nouvelle audience devrait se tenir dans les prochains mois.