Atelier d’écriture « Littérature & Société » :
En attendant Georges Salines…
Lycée Georges Braque d’Argenteuil (Val d’Oise) – Jeudi 08 mars
par Chantal Anglade, professeure de lettres
Cadre et contexte pédagogiques
Le programme de l’enseignement d’exploration Littérature & Société s’appuie sur « une formation humaniste au sens large et moderne du terme » et spécifie que les élèves doivent être mis en situation de réaliser des productions et développer leur créativité.
Les deux classes de Mounira Dakiche et Sabine Castets ont, au premier trimestre, participé au concours de photographie proposé par l’Institut du Monde Arabe intitulé « Mille et une cultures en partage » et remporté le premier prix ! Les lycéens ont travaillé depuis janvier sur la question de l’engagement en littérature et cinéma.
Deux victimes du terrorisme témoigneront de leur engagement contre toute forme d’intolérance, contre le terrorisme et pour les valeurs républicaines et dialogueront avec les deux classes réunies.
Rencontre programmée
Le jeudi 22 mars, Georges Salines viendra à la rencontre des élèves de Seconde inscrits au domaine d’exploration Littérature et Société du lycée Georges Braque, à Argenteuil.
Car la voix de Georges Salines qui a perdu sa fille Lola au Bataclan, répète inlassablement qu’aucune cause, même juste (pas plus palestinienne aujourd’hui qu’algérienne jadis), ne peut justifier le terrorisme et que le terrorisme ne peut par ailleurs être un prétexte pour encourager la peur, les préjugés, la haine, l’amalgame. On ne peut y répondre que par les valeurs de la République.
Nous avons préparé avec les lycéens cette rencontre importante.
Lecture
Pour cela, ensemble, nous avons lu la première page qui contient l’article ABSURDE et les trois premières lignes de l’article AIMER, et l’article RAISON de L’indicible de A à Z, publié au Seuil en 2016 et nous sommes allés , avec lui, « ramasser les morceaux par ordre alphabétique ».
Ecriture – première proposition
De même que l’auteur, dans l’article AIMER, s’adresse à Lola à la deuxième personne,
de même nous avons demandé aux élèves de s’adresser à Georges Salines avec le même « tu » familier, mais aussi d’utiliser la première personne, un « je ».
Et voilà un brouillon :
Abdourahmane écrit : « Tu t’appelles Georges et tu aimes Emmanuelle qui aime Lola qui aime le groupe de rock californien Eagles of Death Metal ».
L’un des textes s’intitule :
« Aujourd’hui, tu luttes contre la radicalisation par le biais de la culture et de l’éducation, dans l’espoir qu’un jour peut-être cette secte prenne fin. Georges, je m’appelle Alioune ».
Et le texte de Mélanie s’intitule PARTAGE : « Tu as écrit ce livre pour partager ta tristesse, ta colère, ta nostalgie, ton amour pour ta fille, ta souffrance, ton écœurement, ton indignation. En lisant ces pages, je partage tes sentiments, ta vision (…) »
Ecriture – deuxième proposition
Nous avons projeté la gravure de Goya évoquée dans l’article RAISON de L’Indicible de A à Z, et commenté la phrase « El sueno de la razon produce monstruos ».
Et nous avons demandé aux lycéens :
La Raison est endormie. Racontez ce que font les monstres, engendrés par son sommeil.
Puis la Raison se réveille : que dit-elle aux monstres ?
L’un des récits fait apparaître des monstres qui entrent dans les têtes et les cœurs :
« Les plus noirs et bien souvent les plus seuls », puis un autre monstre entre dans « les plus jeunes, les plus insouciants, souvent ignorants » tandis que d’autres cœurs sont « les plus durs à atteindre et à manipuler ».
Un autre récit montre que la Raison endormie perd toute sa substance pour se transformer en Bêtise : « Les monstres surveillent la Raison. Lorsque celle-ci est fatiguée (…), les monstres profitent de ce moment de faiblesse afin de manipuler la Raison et celle-là devient de la bêtise ».
L’un des récits est adressé à un « tu » qui est chacun de nous : « Ces monstres te détournent de ce que tu veux être (…) Les monstres ont comme une gomme qui viendrait effacer tes limites ».
Lorsque la Raison se réveille, le cauchemar n’est pas toujours terminé, ce serait trop simple ! L’un des récits raconte que la décision de la Raison peut être mauvaise « si elle n’a pas beaucoup d’expérience ou de vécu dans la vraie vie (…) Elle peut en perdre sa propre raison ».
Et pour se débarrasser des monstres, explique un autre texte, « la Raison devra expliquer ses raisons, réfléchir (…) ». A la fin, « elle décide par la parole de les faire partir ».
Un dernier récit propose une fin heureuse : « Plus jamais elle ne dormira. (…) Tout s’inverse ».
Merci et à bientôt à
Mélanie, Eva, Barbara, Hugo, Anoki, Sofiane, Adberahmane, Rayan, Tamara, Kelly, Maïma, Yasmine, Wielfried, Donia, Alexandra, Martha, Maëlle, Aïda, Dina, Rim, Amelle, Alanis, Ninon
Et aux impeccables enseignantes :
Sabine Castets & Mounira Dakiche
Et à Monsieur Vincent Deroin, Proviseur
LIRE L’ARTICLE SUIVANT : En attendant Mélanie Berthouloux-Dizin…