Une série d’attaques coordonnées s’est déroulée à Mumbai (Bombay) sur cinq sites principaux du 26 au 29 novembre 2008, réalisée par des membres du groupe salafo-jihadiste pakistanais Lashkar e-Taiba.
Ces attentats ont visé des lieux très fréquentés (gare routière, hôtels, cafés…), notamment par les touristes et les expatriés, afin de semer la panique et d’accentuer les fractures confessionnelles entre Hindous et Musulmans dans le pays. Outre les citoyens indiens visés par les fusillades, les ressortissants britanniques et américains auraient été particulièrement ciblés selon plusieurs sources, ainsi que la communauté juive.
Attaques simultanées en milieu urbain
Les attentats de Mumbai marquent un tournant dans les opérations terroristes en combinant la plupart des modes opératoires des décennies précédentes. Cette opération terroriste a consisté à attaquer de manière coordonnée une multitude de sites peu ou pas défendus, mais très fréquentés, au moyen de plusieurs équipes réduites, équipées de fusils d’assaut et d’explosifs (grenades, engins improvisés).
Ces attaques, jumelées à des prises d’otages d’opportunité, visent à causer un maximum de victimes, et à complexifier la riposte des forces de sécurité par une multiplication des zones d’action, ainsi qu’une imbrication des terroristes au milieu des civils. Ce mode opératoire permet également de faire durer au maximum les attentats, afin d’obtenir un large impact médiatique et provoquer ainsi un sentiment diffus de terreur. Ce mode opératoire sera notamment repris par les terroristes de Daesh lors des attentats de Paris et Saint-Denis du 13 novembre 2015.
Les attentats de Mumbai démarrent dans la soirée du 26 novembre 2008 avec le débarquement d’un commando sur les côtes de la ville, au moyen de deux embarcations gonflables. Les terroristes se divisent alors en quatre ou cinq équipes et s’introduisent jusqu’au centre-ville, où ils attaquent cinq sites principaux (17 au total).
Dès le premier jour, les sites suivants sont touchés de manière quasi-simultanée, les prise d’otages s’étalant sur une soixantaine d’heures :
– Des fusillades ont lieu à proximité de deux hôtels de luxe, le Taj Mahal Palace et l’Oberoi Trident, qui sont ensuite investis par plusieurs terroristes. Des clients et des membres du personnel sont tués. Les assaillants se retranchent à l’intérieur des bâtiments dont ils maîtrisent la topographie, dans l’attente de l’assaut des forces de sécurité indiennes.
– Le Nariman House, un ensemble résidentiel géré par une communauté juive orthodoxe (le Chabad Lubavitch Center) est attaqué puis investi par les terroristes afin d’y prendre des otages de confession juive qui sont exécutés.
– Des hôpitaux (en particulier l’hôpital Cama & Albess), des cafés et des restaurants fréquentés par les touristes occidentaux (dont le Léopold Café) sont pris d’assaut par plusieurs terroristes qui ouvrent le feu à l’arme automatique et jettent des grenades.
– Au même moment, l’attaque la plus meurtrière est menée à la gare ferroviaire centrale de Mumbai (Chhatrapati Shivaji Terminus). Deux terroristes y ouvrent le feu et lancent des grenades sur la foule. On dénombrera plus de 50 victimes.
– Quelques minutes plus tard, deux engins explosifs improvisés explosent dans deux taxis, tuant 5 personnes.
L’intervention des autorités
Les forces de sécurité indiennes ont globalement fait preuve de lenteur dans leur réaction. Les policiers de Mumbai n’étant pas équipés pour faire face à des commandos mobiles et très bien équipés, les autorités indiennes ont eu recours à l’armée et à des unités spéciales, au prix d’un délai de déploiement très important. Ainsi, les militaires ne sont intervenus sur les lieux des prises d’otages que cinq heures après les premiers coups de feu, tandis que les unités anti-terroristes ne sont arrivées qu’onze heures après le début des attaques.
En outre, des renseignement peu précis et contradictoires n’ont pas permis aux forces de sécurité de déterminer avec précision les sites où les terroristes étaient retranchés avec leurs otages, ainsi que la configuration des lieux. Ces défaillances ont contraint les forces de sécurité à organiser hâtivement des tentatives de libération, et ont pleinement contribué à faire durer les attaques.
Suite à de nombreuses explosions et échanges de tirs entre forces de sécurité et terroristes, de nombreux otages sont libérés entre le 27 et le 29 novembre au matin. Le gouvernement indien déclare alors que les attaques sont terminées.
Les terroristes
Ces attaques ont été perpétrées par le groupe salafo-jihadiste Lashkar e-Taiba (LeT), basé au Pakistan. Ce mouvement, toujours actif aujourd’hui, a été créé à la fin des années 1980 dans le cadre de la guerre contre les troupes soviétiques en Afghanistan. Le LeT a ensuite orienté son action vers la région du Cachemire indien où il mène des attaques contre les troupes et le gouvernement indiens tout au long des années 1990 et 2000, dont un attentat très médiatique contre le Parlement indien en décembre 2001. Le groupe aurait depuis tissé des liens avec la nébuleuse Al-Qaïda sans pour autant lui prêter allégeance.
Lors des attentats de Mumbai, le commando terroriste était composé de 10 hommes de nationalité pakistanaise, tous équipés d’armes automatiques de type Kalashnikov, d’explosifs, de matériel GPS et de téléphones satellitaires. Outre ces dix attaquants, trois autres individus supervisaient leurs actions depuis le Pakistan. Enfin, le cerveau des attentats est présenté comme étant Zakiur Rehman Lakhvi, chef opérationnel du LeT.
Les victimes
166 personnes ont été tuées, parmi lesquelles 131 Indiens et 35 étrangers de neuf nationalités. Certaines sources évoquent quant à elles un bilan s’élevant jusqu’à 196 morts.
300 personnes environ ont été blessées.
Des centaines de personnes ont été secourues, choquées et traumatisées.
2 ressortissants français font partie des victimes de la fusillade à l’hôtel Oberoi Trident. Il s’agit de Loumia HIRIDJEE, la fondatrice de la marque de sous-vêtements Princesse Tam-Tam, et de son mari, Mourad AMARSY.
D’autres ont pu réchapper des attaques comme cette jeune femme dont l’histoire a été portée au cinéma par Nicolas Saada dans le film Taj Mahal.
Le dénouement
Seul l’un des terroristes a survécu : Mohammed Ajmal Amir, âgé de 22 ans. Il a été condamné à la peine capitale, le 6 mai 2010, pour sa participation aux attentats de Mumbai.
Par ailleurs, le cerveau des attentats, Zakiur Rehman Lakhvi, a été incarcéré par les autorités pakistanaises dans les environs d’Islamabad (Pakistan) en décembre 2008, avant d’être finalement libéré le 10 avril 2015, entraînant de vives protestations des autorités indiennes.
Le mode opératoire des attentats de Mumbai a depuis été adopté par plusieurs mouvements terroristes salafo-jihadistes lors d’actions d’envergure. Peuvent être cités les cas de l’attaque du centre commercial Westgate à Nairobi en septembre 2013, orchestré par des combattants du groupe somalien al-Shabab, ainsi que les attentats menés par Daesh à Paris et Saint-Denis, le 13 novembre 2015.
Pour télécharger le fichier PDF de la fiche attentat, cliquer ici.
Pour télécharger l’analyse du Centre Français de Recherche sur le Renseignement portant sur le groupe LeT, cliquer ici (texte en anglais).
Pour télécharger un article de recherche sur les attentats de Mumbai, cliquer ici (texte en anglais).
Autre source à consulter sur Internet : article « The Lessons of Mumbai » (c) Copyright 2009 RAND Corporation
Un commentaire
Elisabeth MARINELLO
1 septembre 2018 at 7 h 30 min
Les hôtels pour occidentaux semblent être leurs cibles.