Cérémonie en souvenir des 25 ans contre le DC10 d’UTA organisée par l’AfVT.org
L’association française des Victimes du Terrorisme (AfVT.org), dont plusieurs membres fondateurs font partie du Collectif des Familles du DC10 d’UTA, a organisé une commémoration visant à rendre un hommage particulier pour ce vingt-cinquième anniversaire.
Ce rassemblement organisé au cimetière du Père Lachaise, devant la stèle du mémorial des victimes du vol UT772, avait cette année une coloration particulière.
Les familles et les proches des 170 victimes (passagers et personnel navigant) ont fait le déplacement aux côtés de personnalités ayant joué un rôle de premier plan dans la résolution de cette affaire. Plusieurs représentants du monde navigant étaient présents ainsi que Monsieur le Préfet de police de la ville de Paris, Bernard BOUCAULT.
La cérémonie a débuté à 11 heures précises avec la lecture des noms des 170 victimes et le dépôt simultané de 170 œillets blancs.
Guillaume DENOIX de SAINT MARC, ayant perdu son père Jean-Henri dans l’attentat, a invité plusieurs personnalités à prendre la parole pour réaffirmer l’émotion qui reste la leur, 25 ans après les faits, et leur soutien aux familles et proches des victimes.
Monsieur René LAPAUTRE, président de la compagnie d’UTA à l’époque de l’attentat, a pris le micro pour dire un mot aux familles. Présent chaque année lors de l’hommage aux victimes du DC10 d’UTA, René LAPAUTRE a rappelé, à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de la tragédie, combien, selon lui, la situation de crise qu’il avait dû affronter à la tête d’UTA, était moindre par rapport à ce qu’avaient enduré les familles.
Au terme de cette allocution, le général Raymond KUNTZMANN est venu parler aux familles pour revenir sur une mission qui l’a particulièrement marqué : les opérations menées sur le site du crash du vol UT772.
En mission au Tchad dans le cadre de l’opération militaire française Épervier, le général KUNTZMANN a reçu comme mission de commander un détachement franco-nigérien avec plusieurs objectifs : (1) Sécuriser le site du crash de plusieurs centaines de km² au milieu du désert du Ténéré, dont la ville la plus proche se situe à près de 500 km. (2) Relever les corps des victimes et rassembler ceux qui étaient transportables. (3) Récupérer certains débris et faciliter le travail des enquêteurs et des experts. (4) S’assurer que la zone resterait un sanctuaire pour les victimes qui n’ont pas pu être transportées.
L’exposé du général KUNTZMANN n’était pas uniquement technique et précis dans les faits : il adressait aux familles la profonde empathie qu’un militaire de carrière, au service de la Nation, pouvait ressentir envers les victimes du terrorisme.
« Moi-même et tous les hommes que j’ai commandés durant la mission en ont été transformés à jamais. »
Le général KUNTZMANN a ainsi tenu à rappeler l’incroyable dévouement dont ont fait preuve les militaires français parachutés sur place qui ont opéré en parfaite symbiose avec les militaires nigériens.
Pour visionner l’interview (10’46) du général KUNTZMANN tirée du documentaire de Jérôme Carret, « Le Mémorial du Ténéré », cliquer ici.
Monsieur Jean-Louis BRUGUIÈRE, ancien magistrat spécialisé dans la lutte anti-terroriste, ancien Premier vice-président du tribunal de grande instance de Paris, chargé de l’instruction et de la coordination de la section antiterroriste, présent lors de la cérémonie, a pu retracer l’aspect judiciaire de l’affaire.
En charge de l’instruction, le juge BRUGUIÈRE a rapidement compris que le dossier était fort sensible en raison de ses nombreuses implications géopolitiques et diplomatiques. Tout au long de l’enquête, il devra en effet affronter de nombreux obstacles pour faire aboutir la vérité.
Pour Jean-Louis BRUGUIÈRE, la première étape a consisté à déterminer la responsabilité de l’attentat. Il fallait mener une investigation rigoureuse afin de donner des éléments de réponse aux familles. Il s’agissait également de couper court à toute instrumentalisation politique et théorie du complot qui auraient entravé la bonne marche de l’enquête. Au terme d’un méticuleux travail de reconstitution de la partie de l’avion d’où est partie l’explosion (près de 80 % des débris concernés ont été collectés et rassemblés), un minuscule élément du minuteur est retrouvé et permet de localiser la provenance du dispositif. Au terme d’un jeu de pistes qui mène le juge BRUGUIÈRE aux quatre coins du monde, la responsabilité des services secrets libyens finit par être établie.
Pour visionner l’interview (32’04) du juge Jean-Louis BRUGUIÈRE, tirée du documentaire de Jérôme Carret, « Le Mémorial du Ténéré », cliquer ici.
PRISES DE PAROLE
Guillaume DENOIX de SAINT MARC a rappelé de son côté les conditions dans lesquelles il a négocié avec la Libye pour que ce pays reconnaisse sa responsabilité dans l’attentat. Si une forme de réparation a été obtenue pour les familles, les mis en cause n’ont pu être condamnés en France que par contumace. Or, l’instabilité et l’insécurité en Libye excluent totalement la tenue d’un procès dans lequel Abdallah SENOUSSI serait jugé équitablement pour l’attentat du DC10, selon les règles de l’État de droit.
Monsieur Bernard MAQUENHEM, président de l’Institution UT772, a rappelé la mission de cette association loi 1901 créée en 1991 qui consiste à porter assistance aux proches, notamment les enfants et les adolescents scolarisés, du personnel navigant décédé dans la tragédie. L’Institution UT772 a également financé une œuvre musicale à l’occasion du vingtième anniversaire de l’attentat, le « Requiem UT772 », composé par Philippe MAZÉ, interprété sous la direction de Denis ROUGER par les Solistes et Ensemble vocal de l’église de la Madeleine, avec Michel GEOFFROY à l’orgue.
Monsieur Jean-Luc PORRAZ, membre de l’AfVT.org et beau-frère de Jean-Pierre KLEIN, décédé dans l’attentat, a évoqué avec beaucoup d’émotion la mémoire de son proche disparu, aux côtés de Danièle et Françoise, les sœurs de la victime.
Enfin, un message adressé par Falonne LUNDA FOLOLO, fille de Nkieselo NLUNDA, victime congolaise de l’attentat, a été lu par Valentine, élève-avocate et membre de l’équipe de l’Association française des Victimes du Terrorisme (AfVT.org).
La cérémonie s’est poursuivie par plusieurs dépôts de gerbes :
– Monsieur Pierre-François IKIAS, trésorier des Familles de l’Attentat du DC10 d’UTA.
– Monsieur Francis GRÉGOIRE, secrétaire général de la Fondation d’Aide aux Victimes du Terrorisme (FAVT).
– Madame Danièle KLEIN, présidente de l’Association française des Victimes du Terrorisme (AfVT.org).
– Monsieur Guillaume DENOIX de SAINT MARC, président de la Fédération Internationale des Associations de Victimes du Terrorisme (FIAVT).