Intervention de l’AfVT.org à Vannes
Dans le cadre de son action « Terrorisme, et si on écoutait les victimes ? », l’Association française des Victimes du Terrorisme (AfVT.org) a répondu à l’invitation de l’animateur en pastorale Stéphane GIRARDOT pour intervenir dans l’enceinte du lycée catholique Saint-Paul de Vannes (Morbihan), le lundi 17 octobre.
Chaque année, cette action s’inscrit dans le cadre d’une journée faisant intervenir différents narrateurs qui témoignent tous des épreuves qu’ils ont subies et de leur reconstruction personnelle. Ce croisement des expériences vécues permet d’aborder sans tabou différents sujets de société, dont le terrorisme.
Deux membres de l’AfVT.org ont fait le déplacement pour témoigner auprès de 450 élèves environ en classe de terminale : Yohanna BRETTE, qui a perdu sa mère dans l’attentat du DC10 d’UTA, le 19 septembre 1989, très engagée dans l’action associative, accompagnée de Stéphane LACOMBE, directeur adjoint de l’AfVT.org.
Le déroulé de la journée
- 08h55-10h10 : première session dans l’amphithéâtre du lycée devant plus de 200 élèves et une dizaine d’adultes. Les deux intervenants se sont exprimés en plénière et un témoignage vidéo produit par l’AfVT.org a été projeté pour rythmer l’intervention. Stéphane GIRARDOT était le modérateur du panel.
- 10h30-11h50 : travail en atelier avec un groupe d’élèves qui a poursuivi les échanges de manière plus directe avec Yohanna BRETTE et Stéphane LACOMBE en présence de deux enseignants (philosophie et histoire).
- 13h45-15h00 : deuxième session en plénière dans l’amphithéâtre du lycée, en reprenant le dispositif du matin.
- 15h15-16h45 : travail en atelier selon les mêmes dispositions.
Le travail des ateliers
Les deux sessions ont permis d’échanger avec 120 élèves répartis en plusieurs groupes animés successivement par les deux intervenants.
À l’issue des présentations, une contribution écrite a été demandée aux élèves.
Une centaine de lycéens a été ainsi amenée à s’interroger sur la signification d’un acte de terrorisme.
L’immense majorité des élèves a globalement défini le terrorisme comme une action de violence menée dans un climat de terreur afin d’instaurer une idéologie politique ou religieuse.
Certains ont pu mettre en lumière des éléments qui élargissent la définition du terrorisme.
Voir ci-dessous (quelques scories d’orthographe ont été corrigées) :
- Le terrorisme se sert d’une idéologie pouvant être politique ou religieuse pour commettre des actes de violence. L’idéologie est comme une excuse qui aide à passer à l’action. Ceux qui dirigent le groupe ont très probablement une envie de pouvoir et manipulent des gens pour qu’ils commettent l’acte. Les gens qu’on engage sont souvent à la recherche d’une reconnaissance, d’une utilité, d’un but dans leur vie, et on les guide en leur faisant croire qu’ils vont vers quelque chose de bon pour eux et la communauté.
- Pour moi le terrorisme est un acte qui d’après mon avis consiste à commettre un ou des acte(s) meurtrier ou destruction d’une population ou d’un endroit actuel dans un pays quelconque au nom d’un « fanatisme » religieux, culturel, politique. Voilà ma définition plus ou moins exacte, je pense que c’est un acte purement inutile dont le seul but est d’adresser un message de terreur, or le terrorisme n’est pas récent et aurait besoin d’une meilleure reconnaissance pour pouvoir lutter contre ce fanatisme, car derrière cela se cache des personnes abandonnées, je pense, qui se font manipuler.
- Méthode pour imposer une idéologie passant [par] un moyen d’action qui est la terreur. Le terrorisme peut être dû à cause de différents facteurs : culturels, politique, religieux, (économique et social)…
- Méthode pour imposer une idéologie (culturelle, religieuse, politique) passant par un moyen d’action qui est la terreur, en faisant des attentats, en visant des populations, des pays, des cultures etc…
- Pour moi, le terrorisme, c’est l’envie de diviser et de créer la peur par la violence. On nous apprend que cela sert à « imposer une idéologie » mais je ne suis pas d’accord avec cette notion. Ceux qui dirigent et perpétuent ces actes ont plus l’air de s’intéresser à la force politique et économique que cela leur apporte. Le terrorisme n’est pas la folie car les auteurs ont conscience de leur acte.
- Le terrorisme est une expression violente de son opinion par un groupe de personnes. Son but est de toucher le plus de personnes possibles que ce soit par des actes ou des mémoires afin de terroriser la population et se faire entendre. Les terroristes veulent marquer la mémoire et choquer la population. Pour cela, tous les moyens sont permis. Les cibles des attaques sont choisies stratégiquement pour interpeller.
- Le terrorisme est lié à différents actes ou propos (menace) visant à effrayer la population. C’est la terreur qui est recherchée, et je pense qu’en attaquant des lieux à la fois connus, célèbres et des endroits qui le sont beaucoup moins mais qui sont des lieux du quotidien dans lesquels beaucoup de gens se retrouvent, ça rend le terrorisme d’autant plus violent que ça nous montre que personne n’est à l’abri des terroristes, qu’il n’y a pas de lieux propices à un attentat, que cela peut arriver n’importe où. Le terrorisme installe une paranoïa collective, une peur du quotidien et c’est ce que recherchent les terroristes, nous effrayer.
- Pour moi le terrorisme c’est une politique/attitude, un groupement d’actions qui vise à effrayer les gens. Les terroristes (ceux qui cherchent à effrayer) peuvent agir par différents moyens ; ça peut être la violence (les attentats) ou bien sans action véritable ; par une manière de penser ; d’inculquer la peur aux gens. Le terrorisme n’est pas forcément au service d’une croyance ; d’une idéologie. Pour moi les médias eux-mêmes participent au terrorisme en effrayant constamment les gens par rapport à tout ce qui se passe dans le monde (que ce soit les guerres, l’économie…). Le terrorisme est un concept récent mais existe depuis longtemps : pendant la 2ème Guerre mondiale, tous les régimes qui se sont imposés par la peur ont utilisé le terrorisme.
- Le terrorisme est un mouvement de violence, qui usurpe une identité généralement religieuse à des fins politiques. Le terrorisme c’est aussi des adeptes, souvent victimes de la société et embrigadés. Le terrorisme c’est aussi la peur, les amalgames, la haine, l’incompréhension, l’injustice, la mort, la volonté, la détresse. Il a des causes et des conséquences sur nos regards, nos vies et nous en sommes parfois victimes. Enfin, (la lutte contre) le terrorisme ça devrait être la diplomatie, l’intérêt pour les gens adeptes, une éducation, une rencontre, une tolérance, une acceptation, une volonté, un combat.
- Le terrorisme est un acte particulier vraiment connu depuis seulement 2 ans (pour ma part). C’est à ce moment que je me suis posée de véritables questions. Tout remettre en cause… écouter des témoignages frappants, imaginer des scènes « possibles » où nous sommes impliqués. Cet acte créé par des barbares voulant imposer leur idéologie par la terreur. Ils souhaitent imposer leur pensée, par exemple se soumettre à eux, rester chez soi et donc les écouter, alors ne plus pouvoir réfléchir, poser des questions, s’exprimer. Certes il y aura toujours des conflits… mais le terrorisme ne devrait pas exister.
- Le terrorisme se sert d’une idéologie pouvant être politique ou religieuse pour commettre des actes de violence. L’idéologie est comme une excuse qui aide à passer à l’action. Ceux qui dirigent le groupe ont très probablement une envie de pouvoir, et on les guide en leur faisant croire qu’ils vont vers quelque chose de bon pour eux et la communauté.
L’Association française des Victimes du Terrorisme intervient depuis l’année 2013 au lycée Saint-Paul.
Pour en savoir plus sur l’intervention en 2013, cliquer ici.
Pour en savoir plus sur l’intervention en 2014, cliquer ici.
Remerciements
Yohanna BRETTE qui a livré son témoignage avec la générosité et le naturel qu’on lui connaît.
Olivier MOISAN, Directeur du lycée Saint-Paul.
Stéphane GIRARDOT, Animateur en pastorale scolaire, et « Maître de Cérémonie ».
Les élèves de terminale pour leur implication.
Les enseignants présents durant les ateliers.