Jeudi 16 janvier 2014
Retour sur la prise d’otages à In Amenas, un an après…
Il y a un an, jour pour jour, le site gazier de Tiguentourine, situé à 45 km à l’ouest d’In Amenas, dans le sud-est algérien, près de la frontière libyenne, était attaqué par un commando de plusieurs dizaines de terroristes dirigés à distance par le chef de guerre narco-djihadiste Mokhtar BELMOKHTAR, dissident d’AQMI (Al-Qaida au Maghreb Islamique), mais dont le groupe « Les Signataires par le sang » a prêté allégeance à Al Qaida.
L’attaque du site d’In Amenas a été revendiquée comme une « riposte » à la campagne militaire de l’armée française au Mali qui venait de débuter.
Cette revendication n’est pas crédible dans la mesure où il ne fait nul doute que cette opération était très bien préparée, planifiée de longue date, et que les terroristes étaient informés sur l’organisation du site et ses lacunes en matière de sécurité.
Alors qu’une enquête anglaise a été ouverte très peu de temps après la tragédie, il a fallu attendre pratiquement un an pour que le Parquet de Paris ouvre enfin une instruction judiciaire.
Le bilan des victimes
29 terroristes ont été abattus par l’armée algérienne, 3 ont survécu et ont été interrogés par les autorités algériennes.
39 otages étrangers et 1 agent de sécurité algérien ont trouvé la mort au terme de la prise d’otages et des assauts menés par l’armée algérienne pour sécuriser le site.
Dans l’attente des résultats de l’enquête qui est en cours, les premiers éléments semblent attester que la plupart des otages ont été exécutés par les terroristes dans des conditions particulièrement brutales.
Parmi les 4 Français qui se trouvaient sur le site, Yann DESJEUX a été exécuté, probablement le 18 janvier, après avoir sauvé plusieurs vies. Son comportement héroïque a été attesté par plusieurs otages étrangers. Père de deux enfants, Yann DESJEUX était âgé de 52 ans.
3 autres Français ont pu s’échapper du site, dont Murielle RAVEY, infirmière-anesthésiste opérant sur la base de vie au titre de « medic », habilitée à intervenir dans les situations d’urgence (surtout les accidents graves pouvant survenir sur un site d’extraction de gaz).
Le témoignage de Murielle RAVEY
En apprenant la mort de ses collègues et amis, Murielle RAVEY a décidé de surmonter cette épreuve et de transmettre son témoignage pour la mémoire et la recherche de la vérité.
Avec l’aide du journaliste Walid BERRISSOUL, Murielle RAVEY a relaté l’enchaînement des événements et a travaillé durant l’année 2013 à reconstituer les faits alors que la France n’avait pas encore ouvert d’enquête judiciaire !
Ce livre clair et captivant permet de comprendre de l’intérieur les épreuves traversées par une victime du terrorisme mais aussi sa volonté de se reconstruire et son besoin de justice.
Voir :
Interview par Thomas SOTTO sur Europe 1 (08/01/2014) – 6 min. 49 s.
L’action de l’Association française des Victimes du Terrorisme
L’Association française des Victimes du Terrorisme (AfVT.org) a témoigné de sa solidarité auprès de Murielle RAVEY et de la famille de Yann DESJEUX, ainsi que d’une rescapée algérienne qui vit à présent en France.
Lors de la Cérémonie annuelle du 19 septembre 2013 en hommage aux victimes du terrorisme, la prise d’otages d’In Amenas a été évoquée de manière très émouvante par Murielle RAVEY en présence de nombreuses victimes solidaires et de personnalités officielles comme le ministre de l’Intérieur Manuel VALLS, la ministre de la Justice et Garde des sceaux Christiane TAUBIRA et la ministre chargée des Français de l’étranger, Hélène CONWAY-MOURET.
La famille de Yann DESJEUX était également présente : Florian DESJEUX a pu ainsi rendre un hommage émouvant à son père, parti trop tôt.
L’Association française des Victimes du Terrorisme (AfVT.org) va se constituer partie-civile dans l’instruction judiciaire sur l’attaque d’In Amenas et a mandaté Maître Antoine CASUBOLO-FERRO pour suivre ce dossier très sensible.