Journée d’intervention de l’AfVT.org à Fleury-Mérogis
En partenariat avec le SPIP (Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation) de l’Essonne et la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, l’Association française des Victimes du Terrorisme est intervenue auprès de détenus dans le cadre de son programme « Terrorisme, et si on écoutait les victimes ? ».
Le matin, une première rencontre-débat de deux heures s’est tenue dans l’enceinte de l’établissement auprès de 25 détenus. Les trois intervenants de l’AfVT.org ont pu transmettre leur expérience de la violence illégitime et de leur reconstruction personnelle, tout en pointant la nécessité de sortir de la tentation de la victimisation. Tout au long des échanges, les détenus ont posé de nombreuses questions sur le statut des victimes et sur le sens de leur combat pour obtenir justice et réparation. Des thèmes sensibles comme la raison d’État et les compromissions diplomatiques, la réalité institutionnelle, mais aussi la responsabilisation qui permet de donner un sens aux actes, ont été abordés de manière ouverte et décomplexée.
L’après-midi, une seconde rencontre-débat s’est déroulée à l’intérieur de la maison d’arrêt des femmes, auprès de 15 détenues. Cette intervention a permis d’offrir un espace d’expression libre et d’aborder des sujets comme la parentalité, le rôle de la cellule familiale, la place de la femme dans la culture musulmane selon différentes perspectives, le djihadisme, la projection dans l’avenir.
Les intervenants de l’AfVT.org
- Mme Yohanna BRETTE (attentat du DC10 d’UTA, le 19 septembre 1989).
- M. Sébastien NOVELLA (attentat en Arabie Saoudite, le 26 février 2007).
- M. Guillaume DENOIX de SAINT MARC (attentat du DC10 d’UTA, le 19 septembre 1989).
Les échanges étaient modérés par Stéphane LACOMBE, directeur adjoint de l’AfVT.org, en présence de Dominique SZEPIELAK, responsable du pôle psy de l’AfVT.org.
Un questionnaire d’évaluation a été remis par le SPIP aux 40 participants.
Restitution à l’issue de la journée
« Les échanges étaient très nourris et ont été positifs dans la mesure où les victimes – ayant ici le statut de « grands témoins » – ont permis à leur auditoire de s’approprier le sens de leur récit. La thématique du terrorisme n’a pas été introduite de manière frontale, elle a surgi de manière spontanée, ce qui a permis de faire un premier travail sur les représentations individuelles en apportant de la nuance, du détail, du vécu. » (Dominique Szepielak)
« Il est intéressant de noter la différence entre la perception anxiogène de l’établissement à l’extérieur et la qualité de l’écoute que nous avons pu rencontrer. Ce public n’a pas l’habitude de voir des victimes partager avec eux leur expérience sans rien demander en retour. Or nous ne nous situons pas dans une démarche de réparation. Pour nous, le plus important, c’est de témoigner des bienfaits du refus des représentations victimaires et de donner un peu d’espoir pour l’avenir à partir d’exemples concrets et crédibles. » (Guillaume Denoix de Saint Marc)
« Notre démarche est complexe car elle consiste à trouver un équilibre entre la qualité de la narration et des conditions de l’ouverture au dialogue, sans tomber dans le relativisme. Nous tenons à articuler une parole de vérité qui refuse la position condescendante et l’infantilisation. Cette démarche exige à la fois un positionnement éditorial clair et une capacité d’adaptation sur le terrain. Le choc narratif, il faut le construire, l’affiner et le rendre productif. » (Stéphane Lacombe)
L’Association française des Victimes du Terrorisme (AfVT.org) tient à remercier la Direction de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis et le SPIP de l’Essonne, sans oublier tous les détenus qui ont participé à ces échanges pour la qualité de leur écoute et de leurs contributions.
Un grand merci à Yohanna et à Sébastien, pleinement investis dans leur mission.