Intervention de Guillaume DENOIX de SAINT MARC,
directeur et porte parole de l’Association française des Victimes de Terrorisme (AfVT.org), juste après la mort de Vincent DELORY et ANTOINE de LEOCOUR, enlevés par des terroristes d’AQMI à Niamey (Niger) et tués à la frontière du Mali à l’issue d’une opération militaire menés par les forces spéciales françaises.
« Nous sommes plutôt sur l’idée qu’il faut systématiquement rechercher la négociation. Mais nous voyons bien, en même temps, que le fait de ne pas intervenir militairement a un coût. Cela crée un appel d’air pour les terroristes. Il faut donc, parfois, prendre un risque calculé et intervenir. Et seule la personne qui se trouve sur le terrain peut en juger. Dans le cas présent, il y a eu une grande réactivité et, peut-être, une certaine précipitation dans l’assaut final. Mais en même temps, je crois qu’il y avait une chance raisonnable de succès et que, en conséquence, une opération de libération pouvait être tentée. C’est faire preuve de réalisme que d’empêcher que les Français soient systématiquement visés. Pour cela, il faut que ce soit dangereux de s’en prendre à eux. Mais c’est un sujet délicat. En Espagne et en Italie, les associations de victimes du terrorisme défendent l’idée qu’il ne faut jamais négocier. Ce sont deux pays qui ont connu une escalade, l’un avec l’ETA, l’autre au cours des « années de plomb ». Pour nous, la négociation reste la voie à privilégier, sans exclure l’intervention quand elle a de bonnes chances d’aboutir. »
La Croix du 10 janvier 2011
Recueilli par Al.G.